Au moment où l’Allemagne célèbre les vingt-cinq ans de sa réunification, Helmut Kohl, le « père de l’unité allemande », refait parler de lui. Le journaliste Heribert Schwan, auquel l’ancien chancelier s’était confié durant plus de six cents heures entre mars 2001 et octobre 2002, publie ce mardi 7 octobre Testament (éd. Heyne). Le chancelier (de 1982 à 1998) n’y épargne personne, surtout pas ses amis.

Angela Merkel ? Non seulement « elle n’a aucune idée », mais « elle ne savait même pas manger avec un couteau et une fourchette ». Christian Wulff, qui deviendra président de la République ? « Un vrai traître. Et en même temps un nul. » Même les opposants au régime communiste de l’ex-RDA dont M. Kohl célébrait le courage dans ses discours se trouvent étrillés. « Il est faux de faire comme si tout à coup le Saint-Esprit était descendu à Leipzig et avait changé le monde », dit-il, expliquant surtout la chute du Mur par la faiblesse du communisme dans toute l’Europe de l’Est.

GÊNE À BERLIN

Si le magazine Der Spiegel a assuré la promotion du livre en en publiant lundi les extraits les plus croustillants, une certaine gêne est perceptible à Berlin. D’abord parce que ces citations sont à replacer dans leur contexte. En 2001, Helmut Kohl, qui a perdu les élections de 1998, est un paria. En 2000, la secrétaire générale de la CDU, Angela Merkel, a profité du scandale causé par le financement occulte de la campagne de 1998 pour obtenir sa tête et prendre la place de son dauphin présumé, Wolfgang Schäuble.

De plus, ces déclarations n’auraient jamais dû être publiées de son vivant. Elles n’auraient même jamais dû être rendues publiques car, par la suite, Helmut Kohl a mis fin au contrat qui le liait au journaliste. Victime d’un accident vasculaire cérébral en 2008, Helmut Kohl ne s’exprime plus que très difficilement. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer de temps à autre la politique européenne d’Angela Merkel.