Documentaire samedi 17 juin à 22h10 sur Public Sénat

Entrée du camp d’Auschwitz. | PUBLIC SÉNAT

Après avoir été laissé à l’abandon et aux pillages pendant deux ans, le gouvernement polonais transformait en 1947 une partie du camp d’Auschwitz en musée. Après de nombreuses batailles mémorielles, ­remarquablement retracées par Jonathan Hayoun dans le documentaire Sauver Auschwitz ?, diffusé sur Arte en janvier, le site, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, doit désormais livrer une autre bataille : celle contre les ravages du temps.

La question de la préservation de lieu unique – musée sans œuvre et cimetière sans sépulture – est au cœur du documentaire de Sébastien More. Un film qui prend la forme d’une visite guidée par la seule voix off de Dorothée, jeune guide polonaise francophone. Un peu déroutant de prime abord par sa facture autant que sidérant dans ce qu’il donne à voir du comportement de certains visiteurs, prenant des selfies ou sautillant sur les rails de chemins de fer, Auschwitz Museum prend tout son intérêt dès lors qu’il nous fait pénétrer dans les coulisses du musée.

Modestie et humilité

Attachés à la préservation des effets ayant appartenu aux déportés (valises, vêtements, écrits…), de jeunes conservateurs évoquent le caractère singulier et paradoxal de leur travail, qui porte sur des objets ordinaires, derniers « témoins » de vies disparues, dont ils s’attachent non pas tant à leur rendre leur lustre d’antan qu’à les préserver des atteintes du temps. « Le conservateur, ici, ne se réalise pas dans l’esthétisme. On essaie de diminuer au maximum notre ingérence sur l’objet. Cela demande beaucoup de modestie et d’humilité », résume Anna Lopuska, en charge des projets liés à la préservation du site.

Conservatrice opérant sur une valise. | PUBLIC SÉNAT

Outre la dimension émotionnelle impossible à fuir, la tâche des conservateurs se révèle délicate à plus d’un titre. Car à la lutte contre le temps s’ajoutent de multiples interrogations éthiques et morales. Où s’arrêter dans la restauration des reliques ? Faut-il simplement protéger les bâtiments ou les ouvrir au public ?

Sans trancher, à l’instar de Jonathan Hayoun, en comparaison duquel il se montre moins percutant et frontal dans son questionnement sur le devenir d’Auschwitz, le documentaire de Sébastien More offre une approche complémentaire. Et, avec son épilogue émouvant, une esquisse de réponse.

Auschwitz Muzeum, de Sébastien More (Fr., 2017, 50 min).