Documentaire dimanche 18 juin à 21 heures sur Canal+

Sarah Ourahmoune: La combattante

Combien faut-il d’heures d’entraînement et d’années de sacrifices pour gagner une médaille olympique ? Le documentaire Sarah, la combattante ne prétend pas répondre à la question, mais il en donne plus qu’une banale idée. Tourné par Cédric Balaguier et produit par Mélissa Theuriau, le film raconte le parcours de la boxeuse Sarah Ourahmoune, de ses premiers combats en 1996 à sa médaille d’argent aux JO de Rio dix ans plus tard.

Rares sont les documentaires à avoir approché d’aussi près l’intimité d’une championne. Sur le ring et dans la vie, Sarah Ourahmoune est une une battante, de celles qui ne baissent jamais la garde et démolissent les obstacles à coups d’uppercuts.

Elle a commencé la boxe à 13 ans, par hasard, alors qu’elle cherchait un cours de taekwondo au Boxing Beats, club d’Aubervilliers (Seine-saint-Denis). A cette époque, la boxe féminine en compétition n’est pas autorisée en France. « J’ai suivi des cours parce que j’avais besoin de me sentir plus forte, se souvient la jeune femme. J’avais peur des attouchements, des agressions sexuelles… » Dans son club, elle est alors la seule femme. Pour son entraîneur, Saïd Bennajem, c’est le coup de foudre : « Elle était une lueur dans la salle de boxe… Et si une pépite était en train de naître ? » De cette relation forte, décrite comme filiale, entre la boxeuse et son coach va germer un destin de « gagnante née pour devenir une championne ».

Lorsqu’en 1998 les combats de boxe féminine sont autorisés, Sarah Ourahmoune les enchaîne malgré les sarcasmes de certains spectateurs qui lui conseillent « de retourner dans sa cuisine ». Elle va rafler dans sa carrière dix titres de championne de France. Pourtant, la boxeuse n’a jamais été épargnée. Il n’y a pas que cela qui la rend attachante dans ce film, mais cela y contribue. Elle paraît si proche, si naturelle et si spontanée qu’on se surprend à grimacer quand elle prend un crochet appuyé à l’entraînement, à sourire avec elle quand elle décroche son billet pour les JO de Rio ou à froncer les sourcils quand elle se fait voler une victoire.

Sarah Ourahmoune lors de la finale (catégorie - 51kg) à Rio en août 2016. | JEAN-MARIE HERVIO/DPPI

Lors des championnats du monde de 2008 en Chine, Sarah Ourahmoune est éliminée par la Chinoise Chen Ying sur décision des juges. La Française ravale sa colère jusqu’au moment où elle apprend que son adversaire perd sa ceinture après un contrôle antidopage positif. Bien qu’elle récupère le titre mondial, elle ne s’en satisfera jamais : « J’ai pas entendu la Marseillaise sur le podium, on me l’a volée… »

Des cours de soutien scolaire

Après sa qualification manquée pour les Jeux de Londres en 2012, la boxeuse décide de faire une pause et de devenir mère. Originaire d’une famille modeste, celle qui a toujours « aimé l’école et toujours su que c’était la solution pour s’en sortir » intègre la filière pour sportifs de haut niveau de Sciences Po. Elle s’investit dans le milieu associatif en organisant des cours de soutien scolaire, tout en créant une entreprise pour faire connaître les valeurs de son sport au sein des entreprises.

Lorsqu’elle remonte sur les rings en 2014, Sarah Ourahmoune a 32 ans et plus personne ne croit en elle. On la voit parfois douter, encaisser les coups, mais elle s’accroche de toutes ses forces à son rêve olympique de Rio. Sa médaille va prouver qu’elle est une championne d’exception, une grande femme d’un mètre cinquante-huit, catégorie poids mouche.

Sarah la combattante, de Cédric Balaguier (Fr.-EU, 2017, 100 min).