Dans un bureau de vote de Saint-Pierre-et-Miquelon, le 17 juin 2017. | CHANTAL BRIAND / AFP

Près de 47 millions de Français sont appelés aux urnes, dimanche 18 juin, pour le second tour des élections législatives. Après un premier tour marqué par une abstention record (51,29 %), les électeurs votent à nouveau pour élire leurs 577 députés. Quatre avaient été élus dès le 11 juin, et certains électeurs ont déjà voté samedi en outre-mer ou à l’étranger. Sur les 7 882 candidats de la semaine précédente, 1 146 sont toujours en lice.

L’issue du scrutin s’annonce inédite. L’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats, interdisant aux futurs députés d’exercer en même temps un mandat exécutif local, va conduire à un renouvellement très important à l’Assemblée nationale.

Sur les 577 sièges, 136 députés sortants socialistes, écologistes ou LR ont déjà été éliminés dès le premier tour du scrutin, il y a une semaine.

  • Quelle majorité ?

La République en marche (LRM), le mouvement du président Emmanuel Macron, aborde ce second tour des législatives dans un rapport de forces très favorable. Le second tour des élections législatives devrait déboucher sur une majorité écrasante pour les candidats d’En marche !

L’enjeu sera de savoir dans quelle mesure, à droite comme à gauche, une opposition au gouvernement pourra malgré tout se former à l’Assemblée nationale.

Selon les projections par sièges, LRM et son allié centriste du Mouvement démocrate (MoDem) seraient en mesure de ravir au second tour entre 400 et 455 des 577 sièges de l’Assemblée nationale, largement au-dessus de la majorité absolue de 289 élus.

Un tel rapport de forces n’est pas sans précédent : en 1958, année de la création de la Ve République, la majorité de droite obtenait 82 % des sièges à l’Assemblée nationale ; et après les élections de 1993, elle occupait 84 % de l’Hémicycle. La perspective d’une chambre aux quatre cinquièmes acquise à Emmanuel Macron n’en a pas moins attisé les craintes d’une concentration des pouvoirs.

  • Quelle opposition ?

A l’issue du premier tour, d’après les résultats définitifs du ministère de l’intérieur, La République en marche et le MoDem, recueillaient 32,32 % des suffrages.

La droite, qui espérait en vain priver le nouveau président d’une majorité, est en mesure de terminer avec 70 à 130 élus LR et UDI. Un score « décevant pour notre famille politique », a convenu l’ancien président de l’Assemblée Bernard Accoyer. Les Républicains et ses alliés totalisaient 21,56 % des suffrages au premier tour.

Alors qu’il espérait encore il y a quelques mois une cinquantaine de sièges de députés, le Front national (FN) a largement revu ses ambitions et a obtenu 13,2% de voix au premier tour, score inférieur à celui de la présidentielle. Selon les projections, le parti d’extrême droite devrait compter moins de quinze députés (entre un et cinq seulement) et ne devrait donc pas être en mesure d’atteindre le seuil à partir duquel il est possible de former un groupe parlementaire à l’Assemblée.

Le premier tour avait également été marqué par la percée de La France insoumise (11,02 %). Malgré un score inférieur à celui de la présidentielle, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon est devenu la première force de gauche devant le Parti socialiste (7,44 %) et le Parti communiste français (2,7 %). Les projections prévoient entre une dizaine et une vingtaine de sièges pour l’ensemble FI-PCF, et entre 15 et 40 sièges pour le Parti socialiste, qui était jusque-là majoritaire à l’Assemblée.

  • Quelle est la règle pour être élu au second tour ?

Les députés sont élus au scrutin majoritaire à deux tours par circonscription pour un mandat de cinq ans renouvelable.

Quatre circonscriptions ont déjà trouvé leur député dès le premier tour, ces derniers ayant obtenu, dimanche 11 juin, la majorité absolue des suffrages exprimés représentant au moins 25 % du nombre des électeurs inscrits.

Lors du second tour, pour être élu député, la majorité relative suffit. Seuls les candidats qui ont obtenu au premier tour un nombre de voix représentant au moins 12,5 % des inscrits peuvent participer au second tour. S’ils sont trois, on parle de triangulaire.

  • Une seule triangulaire

Pour l’essentiel, le second tour de ces élections législatives se limitera à des duels dans toutes les circonscriptions non pourvues dès le premier tour :

  • 273 duels entre un candidat LRM-MoDem et un candidat de droite ;
  • 134 duels entre un candidat LRM-MoDem un candidat de gauche ;
  • 99 duels entre un candidat LRM-MoDem et un candidat d’extrême droite ;
  • 20 duels entre un représentant de la droite et un de la gauche ;
  • 4 duels entre un candidat de droite et un candidat FN ;
  • 6 duels entre un candidat du PS et un candidat du FN ;
  • 1 duel entre un candidat LFI et un du FN ;
  • 2 duels entre un candidat du PS et un de LFI.

Une seule triangulaire opposera un candidat LRM-MoDem, un LR et un FN dans la 1re circonscription de l’Aube.

A signaler également : une candidature unique LRM sera soumise au vote dans la 2circonscription de l’Aveyron, à la suite du désistement du candidat LR.

  • Qui peut voter ?

Pour voter, il faut avoir la nationalité française, être majeur, jouir de ses droits civils et politiques et être inscrit sur les listes électorales. Près de 47 millions de Français sont dans ce cas de figure : 45,68 millions de personnes, représentant 88,6 % des Français majeurs résidant en France, figurent sur les listes électorales, et environ 1,3 million de Français de l’étranger sur les listes consulaires.

Le jour du vote, vous devez présenter une pièce d’identité, sauf dans les communes de moins de 1 000 habitants, où la carte d’électeur suffit.

  • Où et quand voter ?

Les électeurs devront se rendre dans l’un des 69 245 bureaux de vote installés en métropole, en outre-mer et à l’étranger. L’adresse de votre bureau de vote figure sur votre carte électorale. Vous pouvez également la trouver auprès de votre mairie.

Les bureaux de vote ouvrent à 8 heures et fermeront, dans la plupart des communes, à 18 heures, soit une heure plus tôt que lors de la présidentielle. Dans certaines grandes villes, les bureaux resteront ouverts jusqu’à 20 heures.

Outre-mer, le vote a lieu le samedi précédant le premier tour (le 17 juin, donc) dans certains territoires : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon. A La Réunion, Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, il se déroule aux mêmes dates qu’en métropole. En Polynésie et pour les Français de l’étranger, le premier tour de scrutin a eu lieu samedi 3 et dimanche 4 juin, en raison des délais d’acheminement de la propagande électorale. Les candidats de LRM y sont arrivés largement en tête mais la participation a été très faible. Le second tour est organisé, comme en métropole, le 18 juin.

  • Qui sont les candidats ?

Pour ce second tour, La République en marche (LREM) présente 454 candidats dont 228 femmes et 226 hommes. Le MoDem, formation alliée en compte 62, autant d’hommes que de femmes.

Les Républicains (LR) présentent 195 candidats et 69 candidates, le Front national 76 et 44, La France insoumise (FI) et le Parti communiste français 33 et 34 pour les deux formations, le Parti socialiste 26 femmes et 39 hommes.

Pour la première fois dans l’histoire de la République, la proportion de femmes siégeant à l’Assemblée nationale devrait dépasser les 40 %. En 2012, ce taux culminait seulement à 26,9 % avec 115 femmes députées, ce qui constituait déjà une différence considérable avec le taux de 1958 (1,4 %, soit 8 femmes).

Quatre cent quarante-sept candidats de La République en marche ou de son allié le MoDem sont arrivés en première position dans leur circonscription et sont donc bien placés pour l’emporter au second tour. 66 candidats sont arrivés en deuxième position. Selon le décompte des Décodeurs, plus de la moitié de ces candidats (273, dont 236 parmi ceux arrivés en tête) n’ont jamais exercé aucun mandat politique, ni local ni national.

Parmi les candidats LRM qui ont fini en tête du premier tour, figurent 80 candidats issus des socialistes (plus un ancien du Mouvement des jeunes socialistes), 13 divers gauche et 7 anciens écologistes, pour une centaine de centristes, provenant du MoDem ou de l’UDI, et seulement une vingtaine d’hommes et de femmes précédemment engagés à droite (et un ancien de Debout la France, le parti souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan).

  • Blancs, nuls : comment les suffrages sont comptabilisés ?

Lors du dépouillement sont comptabilisés les suffrages en faveur de chaque candidat. Les bulletins raturés ou non conformes au code électoral sont déclarés nuls.

Les votes blancs (bulletins vierges ou enveloppes vides) ne sont plus assimilés à des votes nuls depuis une loi de 2014. Ils sont décomptés séparément des votes nuls et annexés en tant que tels au procès-verbal de chaque bureau de vote, mais ils ne sont pas pris en compte dans le calcul des suffrages exprimés.

  • Quand les résultats seront-ils publiés ?

Aucun résultat (partiel ou définitif), hormis ceux concernant l’abstention, ne pourra être communiqué avant la fermeture du dernier bureau de vote, à 20 heures, y compris ceux des collectivités où le scrutin se sera déroulé la veille, sous peine d’une amende de 75 000 euros.