Une soirée électorale constitue toujours l’occasion de fureter sur Twitter, à la recherche d’un burn-out ou d’une envolée lyrique en 140 caractères. Qu’ils s’adonnent à l’insulte, à l’ironie ou aux réflexions métaphysiques, les politiques utilisent parfois les réseaux sociaux pour se défouler.

Le second tour des législatives, dimanche 18 juin, n’a pas échappé à la règle, bien que les réactions incontrôlées de candidats défaits, ou victorieux, n’aient pas été massives.

L’insulte comme défouloir après la défaite

Comme l’a repéré le Lab d’Europe 1, Jean Messiha n’a pas hésité à insulter les twittos. Le candidat Front national dans la 4e circonscription de l’Aisne s’est incliné face au candidat de La République en marche (LRM), Marc Delatte (43,7 % contre 56,3 %). Celui qui a coordonné la campagne présidentielle de Marine Le Pen a reconnu sa défaite sur Twitter, mêlant dans son message politique et religieux.

Sauf que l’allusion religieuse du tweet n’a pas plu à tout le monde. Les critiques pleuvent et l’ancien candidat choisi d’y répondre… en traitant tout simplement ses détracteurs de « cons ».

Capture d'écran Le Lab d'Europe 1

Depuis, Jean Messiha a supprimé ces réponses de son fil Twitter.

La défaite allégorique

L’ancien garde des sceaux Jean-Jacques Urvoas (PS) a décidé d’illustrer sa défaite dans la 1re circonscription du Finistère par une image, celle d’un amphithéâtre vide. Sans oublier l’emploi de deux mots : « tempête », mais surtout « allégorie ».

L’ancien ministre de la justice n’en est pas à son coup d’essai en matière de métaphore imagée sur Twitter. Au lendemain du premier tour des législatives, il avait tweeté de la même manière sur le score global du Parti socialiste, bénéficiant assez rapidement de plusieurs articles de presse consacrés à sa fameuse « allégorie ».

Jean-Jacques Urvoas a t-il tenté de reproduire son petit buzz ? Possible. Mais aucun article de presse n’a encore été consacré à son tweet de défaite du second tour.

La défaite autocritique

Gilles Boyer (Les Républicains) est connu parmi les twittos pour être un adepte de l’humour acerbe. Défait dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine par Jacques Maire (LRM), l’ancien directeur de campagne d’Alain Juppé durant la primaire de la droite s’est d’abord contenté de reconnaître sa défaite et de féliciter son adversaire. Mais celui dont le compte Twitter est en « maintenance » ne s’est pas arrêté là. Dès le lendemain, il a adressé un message assez critique à sa famille politique.

La victoire glorifiante

« C’est peut-être la plus belle victoire de toute ma carrière politique, parce que c’était la plus difficile. » Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) était très heureux d’avoir conservé la 8e circonscription de l’Essonne. L’ancien candidat à la présidentielle était plutôt dans une mauvaise passe. Alors dimanche, le président de Debout La France n’a pas eu de mots assez forts pour glorifier sa victoire et en faire, peut-être, un peu trop sur son impact potentiel.

Il faut rappeler que Nicolas Dupont-Aignan a remporté la victoire d’une courte tête (52 % contre 48 %) et qu’il est le seul député DLF à être élu cette année. En 2012, ils étaient deux.

La victoire rêveuse

François Ruffin fait son entrée à l’Assemblée nationale, sous l’étiquette de La France insoumise. Le réalisateur du documentaire Merci patron ! s’est imposé avec 55,97 % des voix dans la 1re circonscription de la Somme, face à Nicolas Dumont (LRM). Une victoire que le rédacteur en chef de Fakir a décidé de célébrer en publiant un tweet avec une photo de ses citations préférées écrites à la main.

« Mon bonheur est d’augmenter celui des autres. J’ai besoin du bonheur de tous pour être heureux. » André Gide
« Il faut reboiser l’âme humaine. » Julos Beaucarne
« Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve. Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité. » Hundertwasser
« Chacun est seul responsable de tous. » Saint-Exupéry
« Souviens-toi d’aimer. »

La dernière citation est de l’abbé Pierre.

Les félicitations étourdies

Twitter est fourbe. Il existe une profusion de comptes usurpant l’identité d’une personne réelle. Et parfois, journalistes comme partis politiques se font avoir. C’est le cas de La France insoumise, qui s’est trompé en voulant identifier dans un tweet de félicitation Marie-George Buffet, la gagnante communiste « mélenchoncompatible » de la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis. Sauf que le compte identifié n’est clairement pas celui de l’ancienne ministre de la jeunesse et des sports. La preuve en images :

Capture d'écran sur Twitter

Capture d'écran sur Twitter

Les félicitations choisies

Marion Maréchal-Le Pen, ancienne députée du Vaucluse et conseillère régionale de la région PACA, avait décidé de renoncer à ses mandats en mai 2017 pour « raisons personnelles ». Certains y ont vu une nouvelle preuve de la forte dégradation des relations entre la députée et sa tante, Marine Le Pen. Mauvaises relations ou pas, l’ancienne benjamine de l’Assemblée nationale a adressé dans la nuit de dimanche à lundi ses félicitations aux huit candidats FN élus à l’issu de ces législatives.

Un même tweet félicite sept personnes : la présidente du Front national Marine Le Pen, Bruno Bilde, le nouveau benjamin de l’hémicycle Ludovic Pajot, Emmanuelle Ménard, Louis Alliot, Sébastien Chenu et José Evrard. Il manque un nom : Gilbert Collard. Lui a le droit à un tweet avec juste son nom, suivi de louanges de la part de son ancienne consœur de l’Assemblée.