Un pompier combat les flammes près du village de Fato, dans le centre du Portugal, dimanche 18 juin. | RAFAEL MARCHANTE / REUTERS

Le gigantesque incendie de forêt qui a éclaté samedi 17 juin dans le centre du Portugal a fait au moins 62 morts et autant de blessés, dont des familles piégées par les flammes dans leurs voitures. Voici ce que l’on sait sur cette catastrophe, la plus meurtrière de l’histoire récente du pays.

  • Que s’est-il passé ?

L’incendie s’est déclenché samedi peu avant 15 heures locales (16 heures à Paris) à Pedrogao Grande dans la région de Leiria, en pleine canicule, avec des températures dépassant les 40 degrés dans plusieurs régions. Les flammes, attisées par des vents très violents, se sont rapidement propagées sur quatre fronts dans les collines couvertes de pins et d’eucalyptus entre les villages de Pedrogao Grande, Figueiro dos Vinhos et Castanheira de Pera.

Plusieurs bourgades ont été touchées et un plan d’évacuation a été mis en oeuvre. Certaines personnes décédées ont été découvertes chez elles, dans des zones isolées.

Une grande partie des victimes a aussi trouvé la mort sur les routes, rattrapées par le feu qui les a piégées dans leurs voitures. Au moins 18 personnes ont péri de cette façon sur la route reliant Figueiro dos Vinhos à Castanheira de Pera, la N-236, selon le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Jorge Gomes.

  • Combien dénombre-t-on de victimes ?

Dimanche en fin de soirée, le bilan était de 62 morts et 62 blessés, dont huit pompiers. Cinq blessés sont dans un état grave (quatre pompiers et un enfant). Les autorités craignent que d’autres victimes ne soient découvertes au fur et à mesure des recherches.

  • Qu’est-ce qui a déclenché l’incendie ?

La police judiciaire a indiqué avoir « réussi à déterminer qu’un orage sec est à l’origine de l’incendie », écartant la piste criminelle.

« Nous avons trouvé l’arbre frappé par la foudre », a déclaré son directeur national, Almeida Rodrigues. D’après le secrétaire d’Etat à l’intérieur, les flammes se sont propagées « avec beaucoup de violence », touchant plusieurs villages.

  • Quels moyens sont mobilisés pour lutter contre les flammes ?

Dimanche en début de soirée, l’incendie n’était pas encore maîtrisé. Sur les quatre fronts de feu, un seul restait préoccupant. Pour combattre les flammes, plus de 900 pompiers et plus de 280 véhicules sont mobilisés. Quatre avions bombardiers d’eau Canadair espagnols sont arrivés sur place dimanche matin pour appuyer les pompiers portugais.

Dans le cadre du mécanisme européen de protection civile, activé à la demande de Lisbonne, la France a elle aussi acheminé dans l’après-midi trois avions spécialisés dans l’extinction de feux. Deux avions espagnols supplémentaires et deux italiens vont aussi être envoyés dans ce cadre, selon la Commission européenne. Des renforts terrestres doivent également arriver lundi d’Espagne, selon la ministre portugaise de l’Intérieur Constança Urbano de Sousa.

A travers le pays, près d’une centaine d’incendies de forêt faisaient encore rage dimanche soir, combattus par plus de 2.000 pompiers.

  • Comment ont réagi les autorités ?

Dans la zone, les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre et les examens qui devaient bientôt débuter seront reportés. La plupart des communications ont été rétablies, a fait savoir le premier ministre Antonio Costa, tout en appelant les habitants à continuer à écouter la radio et à suivre les conseils officiels.

Le gouvernement a décrété trois jours de deuil national. « L’incendie a atteint une dimension de tragédie humaine jamais connue jusqu’ici », a déclaré M. Costa sur les lieux du drame. Le chef du gouvernement a assuré que les secours avaient agi aussi vite qu’ils avaient pu mais reconnu que les systèmes d’alerte avaient pu être perturbés par le feu, qui a détruit lignes téléphoniques et relais de communication.

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, qui s’est rendu sur place dès la nuit, a souligné que la tragédie a touché des « Portugais dont on parle peu, d’une zone rurale isolée ». Le chef de l’Etat a présenté ses condoléances aux familles des victimes, « partageant leur douleur, au nom de tous les Portugais ». Et, rendant hommage au travail des pompiers, il a assuré qu’étant donné les conditions, le « maximum » avait été fait.

Au Portugal, « la plus grande tragédie sur le front des incendies de forêt »