Les tractations ont commencé à l’Assemblée nationale, lundi 19 juin, au lendemain du second tour des élections législatives. Au menu : la constitution des groupes politiques et l’élection du président de l’Assemblée. Le point sur la situation, parti par parti.

  • Un député de La République en marche à la présidence de l’Assemblée ?

Christophe Castaner, le 11 juin, au soir du premier tour des élections législatives. | BENJAMIN GIRETTE POUR "LE MONDE"

La majorité va devoir s’organiser. Les députés de La République en marche et leurs alliés vont devoir trouver leur président de groupe mais aussi proposer un nom pour la présidence de l’Assemblée nationale. L’élection à ce poste aura lieu mardi 27 juin. François de Rugy a d’ores et déjà déclaré qu’il était candidat. L’écologiste, réélu dimanche en Loire-Atlantique, avait rallié Emmanuel Macron en février malgré sa participation à la primaire à gauche et son engagement à soutenir le vainqueur. Les noms de personnalités issues des Républicains circulent également.

Mais ce lundi matin, Benjamin Griveaux, porte-parole d’En marche ! et nouveau député de Paris, a signalé qu’il serait « souhaitable » que la présidence de l’Assemblée revienne à un élu issu des rangs de La République en marche (LRM) qui a « une majorité claire, absolue ». « Il y a suffisamment de forces vives » chez LRM « pour qu’on puisse s’appuyer sur une femme ou un homme qui viendra de notre majorité », a confirmé Christophe Castaner, le ministre des relations avec le Parlement.

  • La France insoumise et le Parti communiste dans le même groupe ?

Proclamation de la victoire d'Alexis Corbière à la mairie de Montreuil. | CAMILLE MILLERAND POUR "LE MONDE"

C’était l’objectif principal de Jean-Luc Mélenchon pour ces élections législatives, obtenir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. C’est chose faite avec 17 députés élus dimanche sous la bannière de La France insoumise, alors que le mouvement a été créé il y a à peine un an.

Parmi ces élus, tous novices au Palais-Bourbon, on retrouve Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, Clémentine Autain ou encore François Ruffin. Dans son discours dimanche soir, le leader du mouvement a évoqué la constitution d’un « groupe France insoumise cohérent, discipliné, offensif ». Pour la présidence de ce groupe, sur France inter lundi matin, Alexis Corbière, élu en Seine-Saint-Denis a proposé le nom du candidat à l’élection présidentielle :

« Ce serait bien que ce groupe soit présidé par Jean-Luc Mélenchon. On en discutera mais je pense que c’est bien que la voix de Jean-Luc Mélenchon, qui est une voix pédagogique, entraînante… C’est bien que ce groupe soit incarné par lui. »

Le nouveau député de Marseille n’écarte pas cette hypothèse. « C’est possible, le temps que les autres se fassent connaître », a-t-il glissé à des journalistes.

Autre question en suspens, les députés « insoumis » seront-ils rejoints par les dix députés communistes et quelques élus issus des rangs socialistes ? M. Mélenchon a assuré dimanche soir que « tous ceux qui voudront le rejoindre » seraient « les bienvenus dans un combat où on cherchera toujours à rallier le maximum de ceux qui veulent entrer dans la lutte » contre le gouvernement d’Edouard Philippe.

Mais dans un communiqué, le Parti communiste affirme que ses députés « travailleront dès cette semaine à constituer [un] groupe et agiront sans attendre en faveur des propositions alternatives qu’ils ont élaboré durant leurs campagnes », sans un mot pour La France insoumise et M. Mélenchon. Dans le texte, le parti annonce que des décisions seront prises lors du conseil national de vendredi et samedi.

  • Le FN va-t-il pouvoir constituer un groupe ?

Marine Le Pen,  à Hénin-Beaumont, le 7 mai. | CYRIL BITTON/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

A première vue, la tâche s’annonce compliquée pour le Front national. Avec huit députés élus sous la bannière du parti d’extrême droite, il en manque sept pour pouvoir former un groupe au Palais-Bourbon. Mais le FN va tenter tout de même de constituer un groupe. Au cours d’une conférence de presse lundi à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la présidente du Front national et nouvelle députée, Marine Le Pen, a fait savoir qu’elle espérait le constituer « au cours des prochains mois ».

Avec huit députés FN, « nous n’avons pas de groupe aujourd’hui, rien ne dit que nous n’en aurons pas demain (…). Je ne perds pas de vue cet objectif de pouvoir au cours des prochains mois constituer un groupe à l’Assemblée nationale qui puisse être un groupe où nous nous entendions sur deux, trois lignes principales, tout en conservant chacun notre indépendance et sa spécificité ».

Un peu plus tôt lundi matin, Louis Aliot, également élu député dimanche, évoquait cette possibilité de former un groupe sur RTL. « J’ai vu que M. Dupont-Aignan est élu, j’ai vu qu’il y avait des députés indépendants, je ne les connais pas, je ne sais pas qui ils sont, on verra bien comment tout cela se passe, a-t-il affirmé. Il n’y a aucune raison que nous ne nous associions pas avec d’autres personnalités pour former un groupe. »

« Y compris avec des Républicains et des divers droite ? », l’a alors relancé le journaliste sur les ondes de RTL. « Bien sûr, tous ceux qui le désireront », a assuré M. Aliot, indiquant « espérer que nous aurons une tribune et que nous pourrons nous exprimer ».

  • Au PS, un groupe exsangue et divisé

L’ancien président du groupe socialiste à l’Assemblée, Olivier Faure, en juin 2016. | JOEL SAGET/AFP

Le futur chef de file des socialistes à l’Assemblée va se retrouver avec un groupe à la fois exsangue et divisé sur l’attitude à avoir face à l’exécutif. Le parti devrait annoncer qu’il s’inscrit dans l’opposition au premier ministre Edouard Philippe, en ne lui accordant pas sa confiance et en combattant ses réformes sociales. Mais parmi les 30 députés élus dimanche soir, figurent plusieurs « macroncompatibles » qui pourraient être tentés de voter avec la majorité.

Qui pour prendre la tête des députés PS ? Le président sortant, Olivier Faure, a annoncé, lundi 19 juin, être candidat à sa succession de la présidence du groupe socialiste, fort de son bon score – il a été réélu en Seine-et-Marne avec 61,09 % des voix. Ce proche de Jean-Marc Ayrault est par ailleurs respecté autant par les frondeurs que les légitimistes du PS.

  • Chez Les Républicains, le spectre de la division

Christian Jacob avec Xavier Bertrand, à Paris, le 20 mai. | ALAIN GUILHOT/DIVERGENCE POUR "LE MONDE"

Avec 129 députés, Les Républicains et l’UDI ont limité la casse lors des élections législatives. Mais la droite retourne à l’Assemblée déchirée. Dans ce contexte, l’élection du président de groupe se révèle stratégique. Le sortant , Christian Jacob, qui s’est fait réélire dimanche dans sa circonscription de Seine-et-Marne, devrait être candidat à sa réélection. Mais les « constructifs » emmenés par Thierry Solère, qui plaident pour une attitude de discussion avec l’exécutif sur certaines réformes, pourraient présenter également un candidat.

Par ailleurs, l’UDI, avec 17 députés veut aussi un groupe, peut-être élargi à « la droite progressiste ».