Le Front national aura donc huit députés à l’Assemblée nationale, majoritairement élus dans les bassins miniers de la région Hauts-de-France. C’est loin des projections que Marine Le Pen pouvait espérer à la mi-2016, quand elle ambitionnait une majorité au Palais-Bourbon dans la foulée d’une accession à l’Elysée.

Mais c’est plus qu’il n’était pronostiqué après le premier tour des législatives et les 13,2 % de voix obtenues – un score « extrêmement décevant », de l’aveu de la présidente du parti, inférieur à celui de 2012. Jamais depuis les 35 élus à la proportionnelle intégrale en 1986 le Front national n’avait obtenu autant de députés. Petit tour d’horizon :

  • Marine Le Pen, la patronne du parti

Marine Le Pen, à l’annonce de sa victoire aux législatives, à Hénin-Beaumont, le 18 juin. | DENIS CHARLET / AFP

La présidente du Front national a remporté le siège de député dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais contre Anne Roquet, une cheffe d’entreprise de 45 ans qui menait sa première campagne électorale pour La République en marche (LRM). En 2012, Marine Le Pen avait échoué au second tour face au député PS Philippe Kemel, qui l’avait devancée d’extrême justesse (50,11 %).

Arrivée largement en tête au premier tour (46 %) dans cette circonscription, qui comprend notamment la ville de Hénin-Beaumont, la dirigeante frontiste a su repousser le front républicain qui s’était formé contre elle et siégera, à 48 ans, pour la première fois à l’Assemblée.

  • Louis Aliot, le cadre historique

Louis Aliot, vainqueur dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, dimanche 18 juin. | PASCAL PAVANI / AFP

Le vice-président du Front national, et compagnon de Marine Le Pen, est élu député de la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales. Opposé à Christine Espert (MoDem), ce cadre historique du parti a recueilli 50,56 % des voix (452 voix d’avance) et accède pour la première fois au Palais-Bourbon.

Après trois échecs depuis 2002 sur la 1re circonscription des Pyrénées-Orientales, cet avocat de formation, de 47 ans, a cette fois fait campagne dans la 2e circonscription, traditionnellement à droite, où Marine Le Pen avait fait lors de la présidentielle son plus fort score en Occitanie.

  • Gilbert Collard, le député sortant

L’avocat Gilbert Collard, réélu député dans le Gard, le 18 juin. | PASCAL GUYOT / AFP

Avec 50,16 % des suffrages et 123 voix d’avance, Gilbert Collard a battu de justesse Marie Sara dans la 2e circonscription du Gard. Le célèbre avocat marseillais et l’ancienne torera étaient au coude à coude à l’issue du premier tour, dans ce qui était l’un des duels attendus du scrutin.

« J’ai gagné parce que le peuple de Camargue est un peuple fier et libre qui n’est pas tombé dans le piège de la médiatisation macronienne », a déclaré dimanche soir le député FN sortant, de 69 ans, qui avait reçu dans l’entre-deux-tours le soutien de Marion Maréchal-Le Pen lors d’un meeting, puis celui du maire pro-FN de Béziers, Robert Ménard.

  • Bruno Bilde, l’ancien conseiller de Marine Le Pen

Bruno Bilde, élu député FN dans le Pas-de-Calais. | DENIS CHARLET / AFP

Bruno Bilde, 40 ans, a été élu dimanche 18 juin, avec 55,07 % des voix, dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais, en battant Coralie Rembert, candidate de La République en marche. Adjoint au maire FN de Hénin-Beaumont, Steeve Briois, Bruno Bilde était chargé de la communication de Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2017.

Ancien juriste d’entreprise, ce Nancéen d’origine avait quitté le parti pendant deux ans pour rejoindre le Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, avant de retrouver le parti frontiste en 2002 pour la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen.

  • Sébastien Chenu, le transfuge de LR

Sébastien Chenu, élu député dans la 19e circonscription du Nord. | DENIS CHARLET / AFP

Avec 55,35 % des suffrages, Sébastien Chenu a remporté la 19e circonscription du Nord, face à la candidate MoDem Sabine Hebbar. Agé de 44 ans, Sébastien Chenu a commencé sa carrière politique à l’UMP, où il a fondé l’association de défense des homosexuels GayLib. Il est arrivé au FN en décembre 2014, scandalisant une partie de ses membres hostile aux homosexuels.

Très vite, il se rend indispensable pour Marine Le Pen, qui en fera l’un de ses lieutenants. Accusé de « parachutage » aux législatives, Sébastien Chenu a répondu qu’il avait un logement à Denain, principale commune de la circonscription, depuis un an et demi.

  • Ludovic Pajot, le benjamin de l’Assemblée

Ludovic Pajot, élu dans le Pas-de-Calais, sera, à 23 ans, le benjamin de l’Assemblée. | DENIS CHARLET / AFP

A 23 ans, Ludovic Pajot sera le benjamin de l’Assemblée nationale. Elu Front national dans la 10e circonscription du Pas-de-Calais, il s’est imposé avec 52,58 % des voix face à la candidate LRM Laurence Deschanel.

Conseiller municipal à Béthune et élu de la région Hauts-de-France en 2015, Ludovic Pajot s’est principalement fait connaître pour ses positions anti-migrants, promouvant par exemple une motion « Ma commune sans migrants ».

  • José Evrard, l’ex-communiste

José Evrard, élu député de la 3e circonscription du Pas-de-Calais. | DENIS CHARLET / AFP

José Evrard est le nouveau député de la 3e circonscription du Pas-de-Calais. A 71 ans, il a obtenu dimanche 52,94 % des suffrages contre son adversaire du MoDem, Patrick Debruyne.

Agé de 71 ans, José Evrard a été militant communiste pendant trente-six ans, avant de rejoindre le Front national en 2014, se sentant « trahi sur ses engagements », explique ce retraité de La Poste et conseiller municipal à Billy-Montigny (Pas-de-Calais).

  • Emmanuelle Ménard, une novice couronnée de succès

Emmanuelle Ménard (ici le 2 juin 2017) a remporté la sixième circonscription de l’Hérault. | SYLVAIN THOMAS / AFP

Emmanuelle Ménard a été élue dimanche députée FN dans la 6e circonscription de l’Hérault, un mois seulement après l’annonce officielle de sa candidature. Avec 53,49 % des voix, la femme du maire pro-FN de Béziers, Robert Ménard, a devancé la candidate LRM Isabelle Voyer.

Egalement soutenue par Debout la France, elle avait pris le nom de son mari et s’était mise « en retrait » du site d’information, classé très à droite, Boulevard Voltaire, qu’elle dirigeait.
Elle a expliqué pendant la campagne vouloir en tant que députée « continuer l’action et la politique » de son mari.