Le général Ramazan Charif, porte-parole des gardiens de la révolution iraniens, le 20 juin à Téhéran. | Vahid Salemi / AP

Trois membres des gardiens de la révolution, la principale force armée iranienne, ont été capturés la semaine dernière par la marine saoudienne, alors qu’ils naviguaient près du gisement pétrolier offshore de Marjan, dans le golfe Persique, a affirmé lundi 19 juin le ministère de la communication saoudien. Les trois militaires, dont l’embarcation aurait transporté des explosifs, entendaient mener une « attaque terroriste » dans les eaux territoriales saoudiennes, selon Riyad. Deux autres embarcations auraient pris la fuite.

L’Iran a rapidement démenti l’information, lundi, affirmant qu’il s’agissait de pêcheurs. « L’identité des trois individus est connue, ils sont originaires de Bouchehr [un port du sud de l’Iran] et pêchaient lorsqu’ils ont été arrêtés par les gardes-côtes saoudiens », a précisé Majid Aghababie, directeur en charge des frontières au ministère iranien de l’intérieur, cité par l’agence ILNA.

Les autorités iraniennes avaient accusé vendredi les gardes-côtes saoudiens d’avoir ouvert le feu sur des bateaux de pêche iraniens, qui avaient été poussés par les vagues en direction des eaux territoriales saoudiennes. L’un d’eux avait été tué, selon M. Aghababie.

Démonstration de force

Cette annonce intervient au lendemain d’une démonstration de force inédite de Téhéran. Dimanche, les gardiens avaient en effet tiré, depuis les provinces occidentales de Kermanshah et du Kurdistan iranien, six missiles balistiques Zulfikar contre « un centre de commandement » de l’organisation Etat islamique (EI) dans la région de Deir Ez-Zor, dans l’est de la Syrie, à plus de 600 km de distance.

Ces tirs ont été présentés comme des représailles aux attentats du 7 juin à Téhéran qui avaient fait 17 morts, les premiers en Iran revendiqués par l’EI. Ils constituaient également, selon les gardiens, « un message » adressé à l’Arabie saoudite ainsi qu’à leur allié américain, de plus en plus actif en Syrie. Les gardiens ont accusé Riyad d’être « impliqué » dans les attentats de Téhéran.

Il s’agissait des premiers tirs de missiles de l’Iran hors de son territoire en trente ans, depuis la guerre Iran-Irak (1980-1988), selon les médias iraniens. L’Iran a dit avoir coordonné ces tirs avec son allié syrien. Les gardiens ont rapidement diffusé des images de la frappe, tournées au-dessus de sa cible par un drone Shahed-129.

Le missile Zulfikar, dévoilé en septembre 2016, avait été décrit à l’époque comme étant capable de transporter une charge de 500 kg à 700 km de distance, c’est-à-dire d’atteindre Riyad ou des bases militaires américaines au Qatar, aux Emirats et à Bahreïn. Washington n’a pas réagi à ces tirs.

Sous la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis ont adopté de nouvelles sanctions économiques contre le programme de missiles balistiques iranien. Jeudi 15 juin, le Sénat américain a voté de nouvelles sanctions contre l’Iran pour « son soutien persistant au terrorisme ». Alaeddin Boroujerdi, président de la commission des affaires étrangères du Parlement iranien, a décrit les tirs de dimanche comme « une réponse appropriée au vote du Sénat ».

Aucun canal diplomatique direct n’existe entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour négocier l’éventuelle libération de gardiens de la révolution détenus par Riyad. Le royaume a fermé son ambassade à Téhéran en janvier 2016, après qu’elle avait été attaquée par des manifestants, qui protestaient contre l’exécution d’un influent clerc chiite saoudien par le royaume.