Le président brésilien Michel Temer, en novembre 2016 à Brasilia. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

La police dispose de preuves montrant que le président brésilien Michel Temer s’est rendu coupable de « corruption passive », selon un rapport préliminaire rendu public mardi 20 juin par la Cour suprême. Les éléments de l’enquête « indiquent avec vigueur » une telle pratique, résume le document, dont une partie du contenu avait fuité, la veille, dans la presse du pays.

La version finale de ce texte doit servir de base au procureur général Rodrigo Janot pour présenter une demande de mise en accusation formelle contre le chef de l’Etat. Pour que celui-ci soit traduit devant la Cour suprême, cette requête doit être approuvée par les deux tiers de la chambre des députés.

Deux autres chefs d’accusation

L’enquête repose sur les confessions explosives de dirigeants du géant de la viande JBS qui ont noué un accord avec la justice en échange de remises de peine. L’un des propriétaires de JBS, Joesley Batista, a déclenché un véritable séisme politique à la mi-mai en remettant aux autorités un enregistrement sonore dans lequel le président semble donner son accord pour acheter le silence d’un député aujourd’hui en prison.

Les témoignages font aussi état du paiement de millions de dollars de pots-de-vin pour alimenter les caisses noires de partis de tous bords, y compris le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit) de M. Temer.

Le rapport évoque ainsi des preuves du versement à l’ex-député Rodrigo Rocha Loures, ancien proche collaborateur du président, arrêté le 3 juin. Filmé en train de recevoir une valise pleine de billets, il est cité par plusieurs dirigeants comme l’intermédiaire de M. Temer pour le paiement de ces dessous-de-table.

La police fédérale doit achever dans les prochains jours son compte rendu, qui, en plus de la corruption passive, portera aussi sur deux autres chefs d’accusation : entrave à la justice et association de malfaiteurs.