Après la publication en 2010 par WikiLeaks, en partenariat avec plusieurs médias (dont Le Monde) de centaines de milliers de rapports de l’armée américaine en Afghanistan et en Irak, les Etats-Unis avaient dénoncé une publication qui mettait en danger « la vie des soldats et des civils des Etats-Unis et de leurs alliés », selon les mots à l’époque d’Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat.

Pourtant, un rapport interne de 2011 des principales agences de renseignement américaines, resté confidentiel jusqu’à cette semaine, décrivait des conséquences nettement plus mesurées. Rendu public par le site BuzzFeed au terme d’une longue bataille juridique, le document de cent pages conclut que si la publication pouvait causer « des dégâts sérieux » à des « sources de renseignements et à des informateurs », elle n’avait pas eu « d’impact significatif » sur les opérations militaires américaines.

Le rapport reconnaît également que l’une des révélations-clés permise par les documents – le fait que les morts de civils étaient sous-estimées par les chiffres officiels de l’armée – était bien réelle, et que ces informations « pourraient être utilisées par la presse ou par nos adversaires pour saper le soutien de nos opérations en cours dans la région ».

Classé secret-défense le rapport avait notamment été utilisé par l’armée lors du procès de Chelsea Manning, condamnée à trente-cinq ans de prison pour avoir fourni ces documents à WikiLeaks, avant que la peine soit commuée par Barack Obama quelques jours avant la fin de son second mandat. A l’époque, même les avocats de Chelsea Manning n’avaient pu avoir accès à l’intégralité du document.