Le packaging de la formule burger « Signature by McDonald’s ». | Mcdonald's

Pas question de se salir, ce burger « haut de gamme » se dévore par petites bouchées avec un couteau et une fourchette. Une scène peu habituelle pour les restaurants de la chaîne McDonald’s, où la plupart des clients se retrouvent souvent avec de la sauce plein les doigts.

Pour innover face à la concurrence, le leader de la restauration rapide a étendu le 13 juin dernier son offre de burgers d’une gamme « Signature by McDonald’s » dans près de 1 400 restaurants en France. Pour 13,50 euros, la firme garantit un sandwich avec de la Fourme D’Ambert AOP, du bacon fumé au bois de hêtre et deux steaks de bœuf grillés garantis d’origine française. Cependant cette fois-ci, ce n’est pas la qualité du produit qui est décriée par les ONG, mais son emballage.

Car ce burger « gourmet » est accompagné d’un packaging raffiné : une grande boîte noire en forme d’écrin et des couverts en plastique au design élégant. Joli coup marketing pour la chaîne de restaurants fast-food. Seulement, une fois le sandwich englouti, pas moins de 65 grammes de plastique, carton et papier sont délaissés sur les plateaux, prêts à bourrer les poubelles. L’ONG Zero Waste dénonce ce surremballage inutile et néfaste pour l’environnement.

115 tonnes d’emballages par jour

« Présentée comme une innovation, cette nouvelle offre annonce surtout une aggravation du bilan déchets de la marque », souligne l’ONG qui avait déjà pointé du doigt McDonald’s France dans un rapport publié en mai 2017 pour sa production très importante de déchets d’emballages.

Avec deux millions de clients par jour en France, la chaîne génère dans l’Hexagone 115 tonnes d’emballages par jour, soit près de 42 000 tonnes par an. « Un bilan qui devrait s’alourdir cette année », prévient Zero Waste, puisque la nouvelle gamme génère 2,5 fois plus de déchets que ceux du Big Mac.

Les chiffres publiés dans le rapport « McDonald’s, une politique déchets à contre-courant de l’économie circulaire », par Zero Waste France. | ZeroWaste

L’introduction de couverts en plastique est paradoxale, pour l’ONG : elle correspond à une offre plus luxueuse mais ne sert pas une gestion des déchets plus responsable : « C’est incohérent de vendre plus cher et de continuer à capitaliser sur le modèle du tout jetable ». Qui plus est, l’ONG a de sérieux doutes sur la composition du plastique dont la chaîne assure qu’il est « recyclable ».

« L’enseigne a fait le choix de proposer dès que possible des couverts en polypropylène, qui est une matière plastique dont les filières de recyclage se développent progressivement », se défend McDonald’s France. Cependant, la nature du plastique qu’elle utilise ces jours-ci reste inconnue. Recyclables ou non, « les déchets plastiques ne seront pas triés. McDonald’s France ne va pas créer une troisième poubelle simplement pour récupérer ces nouveaux couverts », prévient Zero Waste.

Un taux de recyclage plus faible qu’en Allemagne

En théorie, selon la chaîne de fast-food, ses emballages sont recyclables à 90 %. Mais Zero waste fait remarquer que ces déchets ne sont pas assez triés ni revalorisés. En effet, son taux de recyclage effectif global en France, 25 %, est bien plus faible que celui de son homologue allemand qui atteint, lui, 90 % de traitement.

McDonald est pourtant soumise à la législation française qui impose le tri des emballages aux producteurs et détenteurs de déchets non ménagers lorsqu’ils ont recours à un prestataire privé pour la collecte de leurs déchets. C’est le cas seulement d’une partie des restaurants McDonald’s, le reste bénéficie des services de la collectivité. Néanmoins, la firme n’ayant pas encore révélé le nombre de restaurants ayant mis en place le tri des recyclables, impossible de savoir si elle se plie à la législation.

En cas de recours aux enlèvements des ordures par les collectivités locales, l’obligation de tri des déchets est plus souple. McDonald’s France assure être « dans une démarche d’amélioration continue avec la mise en place progressive d’un tri sélectif » et rejette la faute sur la gestion des déchets en France : « Cette hétérogénéité des solutions de collecte et de tri [qui peuvent varier d’une commune à l’autre] se révèle être un frein et une difficulté majeure pour le déploiement du tri en restaurant. »

La France, deuxième marché mondial de McDonald’s

Zero Waste regrette que la chaîne ne montre pas l’exemple. « McDonald’s devrait faire appel à un prestataire privé pour récupérer ses déchets, estime Laura Chatel, chargée de la branche emballage et biodéchets au sein de l’association Zero Waste France. Le tri ne se développera pas si des géants comme eux ne lancent pas la dynamique ! »

L’ONG devrait rencontrer prochainement Delphine Smagghe, directrice du département développement durable et environnement de McDonald’s France, pour la gestion des déchets de la filiale.

Pour l’instant, McDonald’s France n’est pas incitée à modifier sa politique par ses consommateurs, qui ne lui tiennent pas rigueur de l’absence de généralisation de tri dans ses restaurants. Après les Etats-Unis, la France est le deuxième marché mondial de la chaîne de restauration rapide avec 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 20 % des recettes de la chaîne à l’échelle mondiale.