Les débats promettent d’être houleux, samedi 24 juin, au conseil national du Parti socialiste. La direction du parti va proposer de se prononcer contre le vote de confiance au gouvernement d’Edouard Philippe, le 4 juillet, une position prise mardi lors d’un bureau national. Mais l’unité de façade pourrait voler en éclats sous la pression « des forces centripètes », selon un élu.

Au sein du groupe PS à l’Assemblée nationale, où certains voient d’un mauvais œil l’idée de se faire dicter une ligne de conduite par le parti, une partie des députés plaide pour l’abstention, à l’image du hollandais Stéphane Le Foll, l’ancien porte-parole du gouvernement ou d’Olivier Faure, le chef de file des députés PS réélu jeudi à la présidence du groupe contre Delphine Batho. D’autres veulent voter contre, comme Luc Carvounas ou l’ancienne ministre frondeuse, ou pour, comme David Habib ou Olivier Dussopt.

Les « constructifs de gauche »

Une tension existe en effet entre les députés ayant arraché leur victoire et ceux qui « n’avaient personne d’En marche ! face à eux », avec l’idée que c’était peut-être en échange de quelque chose, critique un élu. Devant la presse jeudi, l’ancien ministre Guillaume Garot, qui a gagné l’élection face à une candidate d’En marche !, a plaidé pour « la liberté de chacun » sur ce vote. Lui-même a affirmé qu’il voterait la confiance et serait « dans un soutien exigeant à Emmanuel Macron ».

Le député de Mayenne constitue, avec Olivier Dussopt (Ardèche) ou David Habib (Pyrénées-Atlantiques), ce que l’on appelle les « constructifs de gauche », en référence aux constructifs de droite, un groupe d’une quarantaine de députés de droite dits « macroncompatibles ». « Nous souhaitons que le quinquennat réussisse et nous ne désirons pas nous engager dans une opposition stérile, a fait valoir David Habib dans Le Parisien du 23 juin. Je me suis engagé sur le vote de confiance vis-à-vis de mes électeurs. »

Olivier Falorni, député de Charente-Maritime qui a quitté le PS après avoir refusé de se retirer au profit de Ségolène Royal lors des législatives de 2012, souhaite lui aller encore plus loin, défendant la création, avec les radicaux de gauche, d’un groupe de centre-gauche à l’Assemblée nationale.

Mais un autre élu refuse, lui, de vendre son « âme » en votant la confiance, prévenant qu’il valait mieux « être six ou sept, sans groupe mais indépendants et socialistes, plutôt que d’envoyer des messages troubles ». La députée de Saône-et-Loire, Cécile Untermaier, a, quant à elle, précisé qu’elle ne souhaitait pas « d’opposition frontale ».

« Ni dans l’obstruction, ni dans la robotisation de la pensée »

Olivier Faure, le patron des députés PS à l’Assemblée, s’est engagé à ce que son groupe post-déroute électorale ne soit « ni dans l’obstruction, ni dans la robotisation de la pensée » avec la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Le groupe « socialiste, écologiste et républicain », qui va changer de nom, sera « à chaque fois dans la proposition » et pas dans « une logique d’empêchement », a-t-il assuré après sa réélection, par 28 voix contre 3 pour Delphine Batho.

Quant à Manuel Valls qui semble tenté, lui aussi, de construire un autre groupe, il a, selon Olivier Faure, « choisi un autre destin » que de les rejoindre.