L’ancien gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger, lors de l’Austrian World Summit, à Vienne, le 20 juin 2017. | HEINZ-PETER BADER/REUTERS

Emmanuel Macron a rencontré Arnold Schwarzenegger vendredi 23 juin. L’ancien gouverneur de la Californie (2003-2011), aujourd’hui âgé de 69 ans, est venu à l’Elysée en qualité de fondateur de l’association R20, une ONG internationale spécialisée dans la défense de l’environnement.

L’Autrichien, naturalisé américain en 1983, n’en est pas à son coup d’essai. Voilà plus de dix ans que l’ancien bodybuilder (Mr. Univers et Mr. Olympia), acteur (une trentaine de films) et homme politique court la planète en informant sur le réchauffement climatique. Voici quelques dates clés de cet engagement :

  • 30 août 2006 : annonce d’un plan de lutte contre le réchauffement climatique

Eté 2006. Gouverneur républicain du riche Etat de Californie depuis 2003, Arnold Schwarzenegger brigue un second mandat. Problème, son bilan est loin de satisfaire les électeurs, qui lui reprochent plusieurs échecs politiques. La période précédant la campagne électorale de « Schwarzy » prend alors une tournure que personne n’avait envisagée : la défense de l’environnement.

Arnold Schwarzenegger annonce le 30 août 2006 un plan de lutte contre le réchauffement climatique, qui amènerait la Californie à se conformer au protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005. Objectif : diminuer d’un quart les émissions de gaz à effet de serre de l’Etat d’ici à 2020, alors que la Californie est considérée par le Los Angeles Times comme le douzième pollueur mondial. Cette mesure, nommée Global Warming Solution Act (ou AB 32), surprend d’autant plus que les Etats-Unis ont toujours refusé de ratifier le protocole de Kyoto.

Arnold Schwarzenegger, un écologiste ? Quasi rien ne laissait jusque-là penser qu’il pouvait l’être. Aucune sortie engagée. Un encouragement à développer les carburants « verts » dans l’Etat par ci, un appel à l’achat de véhicules fonctionnant à l’hydrogène par là… Mais c’était tout. D’après le Guardian, l’intéressé lui-même a reconnu que sa conversion à l’écologie date de cette fameuse année 2006.

  • Novembre 2010 : création d’une ONG

Alors qu’il approche de la fin de son second mandat de gouverneur, non reconductible, Arnold Schwarzenegger fonde Regions of Climate Action (R20). Cette ONG environnementale constitue un réseau de régions — principalement d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique — engagées sur les enjeux climatiques. Composée à l’origine d’une vingtaine de membres, son nom fait volontairement écho au G20. En 2014, plus de cinq cents villes et régions avaient rejoint l’organisation, dont le travail principal est le partage de solutions écologiques entre ses membres. Sans compter la communication qui découle des sorties médiatisées de ses membres, Arnold Schwarzenegger en tête. La région Ile-de-France en fait aujourd’hui partie.

L’initiative de l’élu républicain résolument ouvert aux idées écologiques, plus souvent portées par les démocrates, n’a pas manqué d’interpeller. Bryan Walsh, du Time, parlait ainsi de l’action du gouverneur :

« Ce qui est vraiment étrange à propos de Schwarzenegger en tant que gouverneur, c’est qu’il est un républicain — il l’est toujours, je l’ai vérifié — qui s’est consacré à lutter contre le changement climatique à un moment où tous les autres membres de son parti semblent être convaincus que l’idée du réchauffement climatique est un mythe. »
  • 4 décembre 2015 : investissement pour la COP21

Redevenu acteur de cinéma depuis la fin de son mandat de gouverneur, Arnold Schwarzenegger a poursuivi son engagement écologique à l’occasion de la COP21. Laissant de côté sa casquette d’acteur pour représenter l’association R20 au côté de dirigeants internationaux, il n’a toutefois pas oublié de faire le show en marge de l’événement. Les étudiants de Science Po Paris ont ainsi bénéficié d’une intervention de « Schwarzy », qui les a encouragés à « exhiber leurs muscles » pour défendre la cause.

Provocant, comme à son habitude, et refusant de laisser les clivages politiques porter atteinte à l’environnement, il a repris un argument qu’il claironne de longue date : l’écologie doit devenir une cause « sexy », ce que les scientifiques ont jusqu’à présent échoué à réaliser.

« Depuis trente ans, on parle de réchauffement et de montée du niveau de la mer. Cela ne dit rien aux gens. Ils vont même répondre “je veux que la température augmente car j’ai froid aux fesses” ! », s’est-il exclamé, réduisant, comme souvent, le réchauffement climatique à une conséquence de la pollution de l’air.

  • 1er juin 2017 : message musclé à Donald Trump

« Un homme ne peut pas retourner dans le passé, il n’y a que moi qui puisse le faire. Un homme ne peut pas détruire notre progrès. Un homme ne peut pas stopper notre révolution de l’énergie propre. » Toujours enclin à citer sa phrase choc la plus célèbre, « I’ll be back » (Terminator, 1984, de James Cameron), pour faire passer un message, Arnold Schwarzenegger a fait partie des personnalités américaines les plus virulentes envers Donald Trump à la suite de la décision de ce dernier de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris. L’acteur a adressé un message musclé au président américain dans une vidéo de moins de trois minutes.

Virale, la vidéo a été vue plus de 75 millions de fois sur Facebook et a généré plus de 65 000 retweets. Rebelote au Festival de Cannes, en mai. Venu y défendre le film Wonders of the Sea, de Jean-Michel Cousteau, M. Schwarzenegger a donné une interview au Journal du dimanche, dans laquelle il évoque le président Trump :

« Sept millions de personnes meurent à cause de la pollution chaque année. Donald Trump ne peut pas nous arrêter. Je ne pense pas que cela soit dans son intérêt ! Je lui souhaite bonne chance. Cet homme est resté à l’âge de pierre. »