Vue de l’exposition de Laurent Proux, « Line-off Ceremony » à la galerie Semiose à Paris. | COURTESY SEMIOSE GALERIE, PARIS/PHOTO : A. MOLE

On voit d’abord des surfaces aux contours courbes, grises, sur lesquelles des lignes sinueuses sont tracées. Puis, sous ces rubans flottants, des zones de texture granuleuse s’étendent, couleur de plomb ou de limaille. Il y en a aussi d’un vert maladif, tacheté de pustules. Dans des interstices ménagés entre ces deux types de peinture apparaissent des parties de corps nus féminins et masculins. Comme ils sont incomplets, il est impossible de savoir ce qu’ils font, mais on se doute que ces nudités viennent de magazines érotiques – en fait de journaux de rencontres des années 1970. Ces photos étaient faites pour aguicher, et il leur reste du magnétisme, si lacérées soient-elles.

Hybridations absurdes ? Nouvel épisode de la vieille querelle de la figuration et de l’abstraction ? Laurent Proux ne s’arrête pas à ce niveau élémentaire. Les nus ont été produits comme des articles publicitaires. Les zones « métallisées » renvoient à l’industrie et à l’usinage, et les formes grises à des patrons à découper. Ce sont donc des artifices qui s’entrelacent dans ces compositions : tout est fabriqué, tout est factice. D’une conception plus simple, inspirée d’un panneau de sécurité au graphisme direct, une petite toile avertit le visiteur : « Protégez vos yeux. » Proux est un lointain descendant de Francis Picabia, aussi séduisant, ironique et trompeur que lui.

« Line-off Ceremony ». Galerie Semiose, 54, rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 09-79-26-16-38. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 22 juillet.