Travis Kalanick a démissionné le 21 juin de son poste de directeur général d’Uber. | MONEY SHARMA / AFP

« Travis devrait revenir chez Uber. » A peine remis de la démission surprise, mercredi 21 juin, de Travis Kalanick, le fondateur de la plate-forme américaine de VTC, poussé vers la sortie par cinq investisseurs, des employés réclament son retour, dans un autre rôle que celui de directeur général. Une pétition, lancée jeudi 22 juin en interne, a déjà recueilli plus de 1 100 signatures, soit près de 10 % des effectifs.

« Nous sommes très déçus par la vision à court terme et les intérêts personnels exprimés par ceux qui sont censés protéger les intérêts à long terme de notre entreprise », explique la pétition adressée au conseil d’administration. Et de poursuivre : « Oui, Travis a des défauts, comme nous tous. Mais sa passion, sa vision et son dévouement sont inégalés. Nous ne serions pas là aujourd’hui sans lui. Il est essentiel pour nos futurs succès. »

Dans l’un des messages appelant à signer la pétition, le ton est beaucoup plus virulent. Son auteur, anonyme, s’attaque à des investisseurs qui « ne comprennent rien » et qui sont « totalement déconnectés des salariés ». Et aux « journalistes véreux qui ont voulu se payer M. Kalanick ». « Uber, c’est TK », assure ce message publié sur les outils internes de communication. Fondée en 2009, la société est en effet devenue, sous l’impulsion de son fondateur, un géant présent dans plus de 50 villes et valorisé à près de 70 milliards de dollars (62,5 milliards d’euros).

L’annonce du départ de M. Kalanick a créé une onde de choc. « Personne ne s’y attendait », explique une salariée. Il y a une semaine, l’ancien patron d’Uber avait en effet accepté de prendre un congé sabbatique de plusieurs mois, puis d’être épaulé par un directeur opérationnel aux pouvoirs élargis. « Il y a beaucoup de “mini-Travis” qui lui vouent un culte de la personnalité. Ils sont révoltés et menacent de partir », poursuit l’employée. Plusieurs responsables de la société ont adressé des messages internes leur réclamant leur soutien.

Majorité des droits de vote

C’est dans ce climat de révolte que le conseil d’administration s’est réuni jeudi pour discuter de la future réorganisation. Selon le Wall Street Journal, un délai de six semaines a été évoqué pour trouver un nouveau directeur général. Une inconnue importante demeure : le rôle que jouera M. Kalanick, qui possède toujours, avec ses proches Garrett Camp (le deuxième fondateur d’Uber) et Ryan Graves (l’un des premiers employés), la majorité des droits de vote.

En interne, aucun responsable ne semble bien placé pour prendre la suite. Il est ainsi très probable que le conseil se tourne vers des candidats externes. Plusieurs noms commencent à émerger. Des vedettes de la Silicon Valley, comme Adam Bain, l’ancien directeur opérationnel de Twitter, ou Susan Wojcicki, la patronne de YouTube. Mais pas seulement : Tom Staggs, l’ancien directeur opérationnel de Disney, Alan Mulally, l’ancien patron de Ford, ou encore David Cush, l’ancien directeur général de la compagnie aérienne Virgin America.

En revanche, la piste menant à Sheryl Sandberg, l’actuelle numéro deux de Facebook, a fait long feu. Son entourage a immédiatement fait savoir qu’elle ne comptait pas abandonner son poste aux côtés de Mark Zuckerberg. La mission du futur patron sera immense. A son agenda : réinventer la culture d’entreprise, redorer l’image de marque de la société et la lancer vers la rentabilité.