Les drapeaux LGBT ont flotté en 2016 dans les rues d’Istanbul, en Turquie. | Murad Sezer / REUTERS

Malgré l’interdiction émise par le gouvernorat d’Istanbul, les organisateurs de la Marche des fiertés LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexe) ont annoncé qu’ils maintiendraient leur manifestation prévue dimanche 25 juin sur l’emblématique place Taksim.

Samedi, dans un communiqué, les autorités stambouliotes ont fait savoir qu’elles n’autoriseraient pas la tenue de la marche et des manifestations associées pour préserver « l’ordre public » et la « sécurité des touristes » dans la zone concernée. Le gouvernorat explique par ailleurs ne pas avoir reçu de demande d’autorisation formelle pour la manifestation, affirmant avoir été informé de sa tenue par internet et dans la presse. Le communiqué appelle alors à ne pas prendre en considération les appels à manifester et à respecter l’appel des forces de l’ordre.

Les organisateurs ont répliqué en affirmant que la manifestation se déroulerait comme prévu, qualifiant l’interdiction d’« infondée ».

« Le bureau du gouverneur était au courant de notre projet depuis longtemps car nous lui avions fourni une requête il y a des semaines », assure à l’AFP Lara Ozlen, membre du comité d’organisation de la Marche des fiertés.

La « grande inquiétude » d’Amnesty

Des groupes d’extrême droite ont menacé ces derniers jours sur les réseaux sociaux de s’en prendre à la manifestation qui a lieu cette année au premier jour des festivités de l’Aïd, qui marquent la fin du Ramadan.

« Nous dire ne défilez pas au lieu de nous protéger parce que ça en gêne quelques-uns est antidémocratique », estime Mme Ozlen.

Amnesty International a accueilli la décision des autorités avec « grande inquiétude », selon un communiqué. « Cette décision ne respecte pas le droit des LGBT et de leurs soutiens à se réunir pacifiquement », affirme le texte, appelant la Turquie à lever cette interdiction et à respecter les libertés d’expression et de réunion.

Interdite depuis deux ans

La Marche des fiertés est interdite à Istanbul depuis 2015, lorsque, selon l’association des LGBT, les autorités avaient mis en cause la coïncidence de l’événement avec le mois sacré du Ramadan. En 2016, la manifestation a été interdite pour des raisons de sécurité alors que le pays était frappé par une série d’attentats meurtriers liés au groupe Etat islamique (EI) ou aux séparatistes kurdes.

Mais dans un cas comme dans l’autre, les manifestants avaient bravé ces interdictions, et avaient été dispersés violemment par les forces de l’ordre.

Les années précédentes, ces manifestations s’étaient déroulées sans incidents, des milliers de personnes y prenant part pour défendre les droits des minorités LGBTI, devenant les plus importantes manifestations du genre dans un pays musulman du Moyen-Orient.

L’homosexualité n’est pas pénalement réprimée en Turquie, mais l’homophobie y reste largement répandue.