Série sur Canal+ à 21 heures

Trailer Oficial "El Marginal" 2016

Grand Prix du festival Séries Mania 2016 décerné par le jury international que présidait David Chase (Les Soprano), la série El Marginal a pour théâtre principal un pénitencier soumis à la loi des gangs et du trafic comme il en existe partout en Amérique du Sud, comme l’indiquait son créateur, l’Argentin Sebastian Ortega, en avril 2016.

« Ici, c’est pareil qu’à l’extérieur. Il y a des classes, explique d’ailleurs un détenu à un nouvel arrivant, grâce auquel on entre dans cet univers carcéral haut en couleur. Tu as d’abord la cour-bidonville où nous sommes : le pire du pire. De l’autre côté de la cour, tu as des pavillons, où c’est un peu mieux, où tu as des avantages. Et au fond, tu as le quartier des chefs. Eux, ils ont des écrans plasma, Internet, des putes… »

Autant dire que l’univers inénarrable dans lequel nous balade une caméra qui suit chacun comme dans un corps-à-corps vaut autant peinture de la société que de sa face cachée derrière de hauts murs.

Anarchie et corruption

« Pour moi et mes scénaristes, commentait Sebastian Ortega, la question première a été la suivante : qu’est-ce qui, venant de chez nous, peut intéresser des pays qui ont tout, comme le vôtre par exemple ? Une des premières choses qui vient à l’esprit, concernant l’Amérique ­latine, c’est le manque de contrôle, l’anarchie, la corruption, et l’aspect plus sauvage, plus primitif qui caractérise nos sociétés. El Marginal montre cela : la cruauté d’un pays du tiers-monde, mais avec des personnages intéressants de par leur humanité et leur humour. Nous nous appuyons beaucoup sur l’humour pour que le récit ne soit pas trop difficile à suivre. »

De fait, construite sur une histoire policière haletante – notamment grâce à une réalisation judicieusement rythmée –, El Marginal relève le défi de ne ressembler à aucune autre série sur le monde carcéral. Tout diffère : son décor de cahutes à ciel ouvert, les magouilles abracadabrantes mais souvent crédibles qui lient entre eux prisonniers, matons et jusqu’au directeur de la prison. Et, surtout, la palette de personnages hors du commun, le plus souvent bas du front et sauvages, que l’on apprend à connaître, voire à comprendre, au-delà de leur lutte criminelle pour survivre.

Juan Minujin (Miguel Alias Pastor) | DORI MEDIA GROUP

Le marginal qui donne son titre à cette série s’avère être un ex-policier, Miguel Palacios, incarné par Juan Minujin, qui apporte autant de virilité que de douceur à son personnage. Celui-ci s’est fait incarcérer dans le centre pénitentiaire de San Onofre sous une fausse identité afin de comprendre le rôle que joue le gang le plus puissant de la prison dans la séquestration de la fille d’un juge qu’il s’agit de retrouver au plus vite avant que ses ravisseurs ne la tuent. Cet « infiltré », trahi par son commanditaire, devra se hisser, à force de malice, jusqu’à la plus haute hiérarchie de la mafia criminelle au sein du pénitencier, afin de mener son enquête.

Prouvant combien la prison s’apparente au précipité chimique d’une société soumise à un capitalisme financier sans foi ni loi huilé par la corruption, de nombreux flash-back nous extraient de prison en retraçant le passé chahuté de Miguel Palacios, lorsqu’il était encore policier. Amenant à comprendre que certains détenus, à l’image d’un vieil homme dénommé « la Verrue », voient la liberté comme une épreuve insurmontable, et la ­prison comme un refuge.

El Marginal, série créée par Sebastian Ortega. Avec Juan Minujin, Gerardo Romano, Martina Gusman, (Arg., 2016, 13 × 52 min).