Pourquoi Facebook a atteint les 2 milliards d'utilisateurs (et pas Copains d'avant)
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2 milliards : c’est le nombre d’utilisateurs actifs que revendique, mardi 27 juin, Facebook. Un chiffre astronomique, comparé à la population mondiale, établie à 7,4 milliards de personnes. Concrètement, un utilisateur actif est un utilisateur qui se connecte au moins une fois par mois sur le plus grand réseau social au monde, lancé en 2004 par un étudiant d’Harvard, Mark Zuckerberg. En France, les chiffres les plus récents, datant du mois dernier, font état de 33 millions d’utilisateurs actifs par mois, 25 millions par jour.

Conçu comme un réseau social pour les étudiants de Harvard, « The Facebook » – comme il s’appelait initialement – s’est rapidement étendu à d’autres universités, atteignant le million d’utilisateurs l’année même de sa création. Deux ans plus tard, Facebook, qui a abandonné son « The », est rendu accessible à tous les internautes, le début d’une expansion phénoménale : en 2010, le réseau social compte 500 millions d’utilisateurs, avant de passer la barre symbolique du milliard d’utilisateurs en 2012.

Le site multiplie les innovations qui feront sont succès : introduction du « poke », qui permet de faire signe à un ami, du « mur », qui permet de suivre l’actualité de ses contacts, du « like », qui permet de marquer son intérêt pour une publication. Au point d’être devenu un symbole célèbre tout autour du monde.

Mark Zuckerberg a fondé Facebook en 2004. | Nam Y. Huh / AP

Le cinquième homme le plus riche au monde

Alors que le nombre d’utilisateurs grandit, l’entreprise également : introduite en Bourse en 2012, elle compte aujourd’hui plus de 18 000 employés dans des bureaux dans une cinquantaine de villes dans le monde. C’est que Facebook n’est plus uniquement Facebook : au fil des années, l’entreprise a absorbé d’autres entreprises et services, comme l’application Instagram, la messagerie WhatsApp ou encore Oculus, à l’origine du casque de réalité virtuelle Rift. Facebook rachète, et copie les innovations des autres services à succès : la vidéo en direct de Periscope, par exemple, les hashtags de Twitter ou encore les fonctionnalités de l’application Snapchat, très prisée des adolescents.

Il n’et donc pas étonnant qu’en 13 ans d’existence, Facebook ait fait la fortune de son fondateur Mark Zuckerberg, devenu le cinquième homme le plus riche du monde, à seulement 33 ans, selon le dernier classement Forbes. Certains observateurs le soupçonnent même d’ambitions politiques, l’homme se positionnant publiquement de plus en plus régulièrement sur de grands sujets de société.

Petit à petit, le service s’est imposé dans le quotidien de 2 milliards d’utilisateurs, au point de devenir un acteur de la société dont l’influence surprend et inquiète parfois. C’est vers Facebook que ces internautes se tournent désormais pour donner de leurs nouvelles, discuter avec leurs proches, s’informer, organiser leurs soirées, mais aussi signaler qu’ils sont bien en vie, depuis la vague d’attentats qui frappe les pays occidentaux.

Une image sérieusement écornée

Le tout en produisant chaque mois des milliards de données personnelles : textes, photos, vidéos, émotions, « likes », qui sont collectés, analysés et exploités par le réseau social pour mieux vendre de la publicité et se monétiser. Ce qui a commencé à susciter des inquiétudes parmi les utilisateurs, et des réticences parmi ceux qui se refusent toujours à s’inscrire sur le réseau social, le jugeant trop instrusif. Facebook a d’ailleurs été épinglé à plusieurs reprises par les autorités de protection des données personnelles, comme la CNIL française, pour avoir enfreint certaines règles en la matière.

Mais le réseau social doit affronter depuis plusieurs mois d’autres critiques, encore plus féroces, venant à la fois des utilisateurs et des Etats. L’image du sympathique réseau social a été sérieusement écornée par la prolifération de contenus de propagande terroriste sur la plateforme. Malgré sa politique de modération – ces contenus sont interdits, et si les internautes les signalent, Facebook promet de les supprimer – de nombreuses publications clairement illicites ne sont jamais censurées, ou tardent à l’être.

Plusieurs gouvernements, notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, ont fini par hausser le ton, menaçant parfois de légiférer afin de pouvoir infliger de lourdes sanctions en cas de modération trop laxiste. La difficile question de la modération s’est aussi compliquée avec l’introduction des vidéos en direct, qui ont parfois servi à montrer des meurtres ou des suicides, sans que Facebook n’intervienne.

L’entreprise a aussi été attaqué de toutes parts après la victoire de Donald Trump à la Maison Blanche : des fausses informations circulant sur le réseau social, dévalorisant son adversaire, y ont été partagées des centaines de millions de fois. Alors que l’influence du réseau social n’a jamais été aussi grande, elle semble parfois lui échapper. Aujourd’hui, Facebook doit plus que jamais faire face à ses responsabilités.