François de Rugy le jour de la prise de fonctions d’Emmanuel Macron à l’Elysée le 14 mai. | ERIC FEFERBERG / AFP

C’est tranché. Le groupe La République en Marche (LRM) a désigné François de Rugy comme son candidat pour la présidence de l’Assemblée nationale, lors d’une réunion des 308 députés macronistes, mardi 27 juin au matin, au Palais Bourbon. Le député de Loire-Atlantique été à élu à la majorité absolue dès le premier avec 153 voix contre 59 pour Sophie Errante, 54 pour Brigitte Bourguignon et 32 pour Philippe Folliot.

Le choix du groupe majoritaire propulse cet élu de 43 ans comme le grand favori pour accéder au « perchoir », avant l’élection solennelle, à bulletin secret, lors de la première séance dans l’hémicycle, qui commencera à 15 heures.

La candidature de l’ex-député écologiste de Loire-Atlantique, désormais LRM, tenait la corde depuis plusieurs semaines dans l’entourage d’Emmanuel Macron. « C’est un bon candidat », jugeait un homme fort du gouvernement, ces derniers jours, en louant l’« expérience » de celui qui a été élu député en 2007, avant de devenir coprésident du groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et vice-président de l’institution lors de la précédente législature. Il s’avère ainsi un bon connaisseur des rouages du Palais Bourbon, lui qui y avait fait ses premiers pas en 1997 comme secrétaire général adjoint d’un groupe rassemblant des radicaux de gauche, des écologistes et des chevènementistes.

Projet de réforme de l’Assemblée

Au sein du groupe majoritaire, composé d’une grande partie de novices, la candidature de François de Rugy est apparue comme un gage de sécurité pour occuper ce poste aussi prestigieux que stratégique. Alors que l’exécutif communiquait sur sa volonté d’installer une femme à la présidence de l’Assemblée, sa connaissance du fonctionnement de l’Assemblée semble avoir été un facteur décisif pour lui permettre de s’imposer face à deux candidatures concurrentes : celles de la députée du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon et de Loire-Atlantique Sophie Errante. Ces deux ex-socialistes ralliées à LRM, qui entament leur deuxième mandat, ont vraisemblablement payé leur manque de notoriété. « Elles ne sont que peu ou pas identifiées par nos députés » confiait, lundi, un élu de la majorité.

François De Rugy discute avec une députée le 19 juin dans les couloirs de l’Assemblée nationale. | JULIEN MUGUET / HANS LUCAS POUR LE MONDE

M. de Rugy a, lui, été très proactif et n’a pas caché son ambition : il s’était positionné pour la présidence de l’Assemblée dès le 14 juin, avant même le second tour des législatives. En campagne pour le « perchoir », il a notamment insisté sur son expérience et sa volonté de réformer l’institution, plaidant pour la réduction du nombre de parlementaires et l’introduction d’une dose de proportionnelle. « J’ai fait un certain nombre de propositions depuis de nombreuses années qui sont cohérentes avec l’élan réformateur qu’Emmanuel Macron veut imprimer partout dans le pays, y compris à nos institutions », avait-il souligné.

Dans un billet en forme de profession de foi publié sur sa page Facebook, lundi 26 juin, il a présenté un projet de « réforme de l’Assemblée nationale » dans lequel il se disait favorable à la démocratisation et à la modernisation de l’institution. « Au renouvellement des visages doit correspondre un renouvellement des pratiques », écrivait-il, annonçant une « œuvre de longue haleine » sur laquelle il entendait mettre en place une « logique de projet qui associe les députés qui le souhaitent, par groupes de travail permanents, à son élaboration et à son évaluation ».

Enfin récompensé

En accédant au « perchoir », cet ambitieux se voit surtout enfin récompensé, lui qui, après avoir été maire adjoint à 27 ans, député à 33 ans, se voyait bien ministre à 40. Las ! Après avoir une première fois espéré que Jean-Marc Ayrault, dont il a été l’adjoint à la mairie de Nantes, ne l’appelle en 2012, il a vu ses compagnons de route Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili rejoindre le gouvernement en 2016, sans lui. Le Nantais avait pourtant donné des gages de loyauté à François Hollande en s’affichant comme le premier à quitter EELV en 2015, pour créer le Parti écologiste.

C’est sous cette bannière qu’il s’était présenté à la « primaire citoyenne » de gauche, organisée par le Parti socialiste et plusieurs alliés, à l’issue de laquelle il avait obtenu 3,82 % des voix. En s’engageant dans ce scrutin, il avait promis d’en soutenir le vainqueur. Mais il s’est bien gardé de faire campagne pour Benoît Hamon : dès février 2017, il rejoignait Emmanuel Macron en vue de la présidentielle. Une « faute morale » avait alors dénoncé le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui avait jugé son attitude « contraire au principe de loyauté ». Une fois en marche, M. de Rugy est parvenu à se faire réélire pour un troisième mandat de député dans la première circonscription de Loire-Atlantique, qui réunit les quartiers nord de Nantes et les communes plus favorisées d’Orvault et Sautron.

Le probable successeur du socialiste Claude Bartolone au « perchoir » aura fort à faire durant la législature pour diriger les débats en séance publique et piloter l’organisation du travail parlementaire, avec la création de sept – voire huit – groupes parlementaires, une majorité de députés non expérimentés, et surtout la présence de fortes personnalités dans l’hémicycle, tels Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Le 19 juin, sur RTL, le socialiste Julien Dray a résumé le sentiment ambiant et la complexité de la tâche : « Cela ne va pas être facile de diriger cette Assemblée nationale et je souhaite bien du plaisir au futur président de l’Assemblée nationale ! »