Photo datée du 3 juillet 1994, sur laquelle des soldats français arrivent à un camp de réfugiés à Butare. | HOCINE ZAOURAR / AFP

La revue XXI publie mercredi 28 juin une enquête sur le rôle de la France lors du génocide des tutsis du Rwanda en 1994, qui affirme que les autorités françaises ont sciemment réarmé les responsables des massacres, violant ainsi l’embargo sur les armes décrété par l’Organisation des Nations unies (ONU) dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Intitulé « Réarmez-les », l’article de Patrick de Saint-Exupéry, cofondateur de la revue, s’appuie sur le témoignage d’un haut fonctionnaire qui a pu consulter les archives sur le conflit rwandais. Lorsque l’Elysée annonça en 2015 l’ouverture de ces archives, deux hauts fonctionnaires furent en effet chargés de vérifier leur contenu. L’ancien officier de l’armée de terre Guillaume Ancel est l’un d’eux. Il décrit dans l’article le document officiel donnant l’ordre de réarmer ceux qui viennent de commettre le génocide, pendant l’opération militaire « Turquoise », officiellement organisée par la France pour « mettre fin aux massacres ».

Les archives toujours fermées

L’enquête de la revue XXI relate les débats que l’ordre de réarmement a provoqué chez les officiers français, certains demandant à pouvoir exercer leur droit de retrait pour ne pas l’exécuter. Mais la directive est finalement confirmée, et l’ordre est signé par le secrétaire général de l’Elysée de l’époque, Hubert Védrine.

L’ouverture des archives sur le Rwanda, pourtant annoncée par François Hollande, n’a pas été effective en raison du « constat qu’a réalisé ce haut fonctionnaire qui a vu des documents extrêmement compromettants », expose le journaliste.