La suite de l’hôtel de Sèze, une des étapes de la promenade « Bordeaux fesses cachées », proposera des lectures érotiques. | STEPHEN CLEMENT

Chemise exotique, bermuda, chaussures bateau, Guillaume Fédou, auteur-compositeur et rédacteur en chef de l’édition française du magazine Playboy, récemment relancé avec une équipe bordelaise, donne rendez-vous à la gare. Disert sur la charge érotique des trains. « D’ailleurs avant qu’il ne devienne réalisateur et producteur de films pornographiques, explique-t-il, Marc Dorcel avait créé une société de transports, les Transports Dorcel. »

Le garçon a grandi à Bordeaux jusqu’à ses 17 ans. Il fréquente alors les clubs gays ouverts l’après-midi, le Dreams et le Colo, où il répète quelques chorégraphies face au miroir pour mieux draguer les filles en boum. « A l’entrée, il y avait une trans qui s’appelait Madonna », se souvient-il, amusé.

Aujourd’hui, il travaille, à la demande de la mairie qui lui a donné carte blanche – qu’il a transformée en carte rose – à l’élaboration d’une balade érotique pour « faire rejaillir l’essence sulfureuse de cette ville impeccable où tout se passe derrière les portes ». Comme l’indique l’affiche de l’événement, réalisée par le graphiste Franck Tallon : deux cœurs l’un dans l’autre. Si on regarde à l’envers, on découvre : « La fesse cachée de Bordeaux ».

Films, concerts et cocktail coquins

Fédou s’arrête devant le cinéma et sex-shop Le Complexe Aquitain, qui aurait un accès direct à la gare. « Je vois souvent passer des personnes d’un certain âge qui venaient avec leurs parents du temps où la salle appartenait au groupe CGR. Aujourd’hui, ils viennent voir des films pornos traditionnels. Pas de zoophilie, scatologie, ni BDSM », marmonne l’homme au comptoir, qui préfère rester anonyme. Avec l’aide du Festival international du film indépendant de Bordeaux (Fifib), du 18 au 25 octobre – et du Festival du film de fesses, dont la deuxième édition a lieu du 29 juin au 2 juillet à Paris –, Fédou compte programmer ici des longs-métrages avec Pierre Molinier, figure trash de l’underground bordelais, comme Satan bouche un coin, de Jean-Pierre Bouyxou et Raphaël Marongiu.

Et pourquoi pas terminer la soirée avec un concert, plein de l’esprit pop et chatouilleur français, avec Retiens mon désir, de Cléa Vincent, ou encore Les Dessous féminins, de Lafayette ? Brigitte Lahaie pourrait aussi participer à la sauterie. « En Allemagne, son surnom, c’était Brigitte Bordeaux, fait remarquer Fédou. La face B de Bardot. »

Fédou enjambe son vélo, direction Le Boudoir, quartier Saint-Michel, où il retrouve sa collaboratrice, Elodie Vazeix. L’une des voix de la radio FIP est chargée de production sur l’événement. C’est dans ce café culturel qu’ils vont dresser une table où l’on servira un cocktail estampillé « La Fessée de Léon », à base de cognac. Et du caviar d’Aquitaine.

Strip-tease / Jacques Poitrenaud (France, 1963)

« Rue des milliers de pucelles »

Les pavés font mal aux fesses. Descente de vélo rue Teulère devant le QG de l’association Allez les filles, fondée par Francis Vidal, ancien programmateur du Jimmy Bar. L’homme looké cuir sera chargé de passer des disques érotiques. C’est quoi une musique érotique ? « Une musique qui ne va pas trop vite et qui ne met pas forcément les gens tout nus », formule-t-il avant de citer la scène de Strip-tease, de Jacques Poitrenaud, en 1963, dans laquelle la chanteuse Nico, strip-teaseuse débutante, n’ose pas enlever son soutien-gorge devant un parterre d’hommes ébahis.

Après le rock et le jazz, pause-café chez l’intarissable Michel Dusclaud, ex-membre du cabinet parisien de l’ancien député et maire Jacques Chaban-Delmas, qui se dévoue de longue date à la sauvegarde du patrimoine bordelais. Lui conviera, dans son salon XVIII e décoré XIXe, les participants méritants du jeu de piste érotique, imaginé par Richard Zéboulon en centre-ville. Dusclaud se met au piano et entonne une chanson paillarde bordelaise : « la rue des Piliers de Tutelle qu’on appellerait la rue des milliers de pucelles… »

Un pilote d’avion en uniforme sort du hall de l’hôtel de Sèze, allée de Tourny. Image furtive de La Peau douce, de François Truffaut. Guillaume, Elodie et Franck imaginent déjà à quoi pourrait ressembler le « défilé de pieds » derrière les nappes du restaurant. Le directeur général de l’hôtel les conduit à la suite Marie-Antoinette. Toute rose. « Je verrais bien une comédienne lire des textes pornographiques dans le lit, lance Guillaume. Dans le genre du Bed-in de Yoko Ono et John Lennon », événement médiatique organisé en 1969 à Montréal et Amsterdam en faveur de la paix. Le patron de l’hôtel est ouvert à tout. Sauf au « fish spa » dans la salle de bains…

Promenade érotique : inscription obligatoire sur ­www.happen-bordeaux.fr. Ouvert aux plus de 18 ans uniquement.

Ce supplément a été réalisé en partenariat avec Bordeaux-Métropole