Des fonctionnaires de l’Assemblée nationale face aux membres de la garde nationale vénézuélienne à Caracas, le 27 juin. Capture d’écran d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. | SOCIAL MEDIA / REUTERS

Un hélicoptère de la police vénézuélienne a mitraillé mardi 27 juin le siège du tribunal suprême de justice et le ministère de l’intérieur. L’attaque, qui n’a pas fait de victime, témoigne de l’accentuation de la violente crise qui ébranle le pays depuis des mois. D’après des responsables gouvernementaux, l’appareil a tiré à quinze reprises contre le ministère, où plusieurs dizaines de personnes participaient à une cérémonie ; quatre grenades ont été lancées depuis les airs sur la Cour suprême.

Le président Nicolas Maduro a dénoncé un acte « terroriste » et a mis en demeure les dirigeants de la Table de l’unité démocratique (MUD) – la coalition de l’opposition – de « condamner cette attaque éminemment destinée à provoquer un putsch ». « Ils auraient pu provoquer des dizaines de morts », a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le gouvernement précise que l’hélicoptère a été dérobé par un pilote de la police identifié sous le nom d’Oscar Perez. Une vidéo mise en ligne sur son compte Instagram le montre devant plusieurs hommes en armes, affirmant qu’une opération est engagée pour restaurer la démocratie. M. Perez ajoute qu’il représente un collectif de militaires, de policiers et de fonctionnaires hostiles à l’exécutif « criminel » et appelle M. Maduro à démissionner.

Appel à Donald Trump

Le Venezuela connaît depuis début avril une nouvelle crise politique violente qui a fait au moins 75 morts. Des chefs de file de l’opposition exhortent de longue date les membres des forces de sécurité à la désobéissance. Mais pour certains, cette attaque par hélicoptère pourrait avoir été orchestrée par le pouvoir pour justifier la répression.

Nicolas Maduro avait prévenu plus tôt dans la journée que ses partisans prendraient les armes si son gouvernement était renversé par la violence.

« Je dis au monde, et j’espère que le monde l’entendra après 90 jours de manifestation, de destruction et de mort : si le Venezuela était plongé dans le chaos et violence et la révolution bolivarienne détruite, nous irions au combat. »

Il avait ainsi lancé lors d’un rassemblement politique : « Nous n’abandonnerions jamais, et ce qui ne pourrait être fait par les votes, nous le ferions avec des armes, nous libérerions notre patrie avec des armes. »

Nicolas Maduro lors d’un meeting en vue des élections constituantes, le 27 juin à Caracas. | HANDOUT / REUTERS

Le successeur de Hugo Chavez s’exprimait lors d’un meeting en vue des élections constituantes qu’il entend organiser le 30 juillet. L’opposition, majoritaire à l’Assemblée nationale depuis décembre 2015, refuse ce projet et réclame la tenue d’une présidentielle anticipée. En l’état du calendrier électoral, le prochain scrutin présidentiel n’est pas prévu avant fin 2018.

M. Maduro, qui accuse Washington de soutenir ses opposants dans l’objectif de contrôler les richesses pétrolières du pays, a par ailleurs mis en garde : la « destruction » du Venezuela provoquerait une crise migratoire plus forte qu’en mer Méditerranée.

« Ecoutez-moi, président Donald Trump, il vous faudrait construire 20 murs en mer, un mur du Mississippi jusqu’à la Floride, et de la Floride jusqu’à New York, ce serait de la folie. La responsabilité vous en incombe : stoppez la folie de la droite vénézuélienne violente. »