La police zimbabwéenne a interpellé, lundi 26 juin, le pasteur Evan Mawarire, l’un des leaders de la contestation anti-Mugabé, et l’a inculpé d’« incivilité dans l’espace public » pour avoir soutenu publiquement des étudiants en médecine en grève, a-t-on appris de sources concordantes. « J’ai été arrêté, je suis à la station de police d’Avondale », un quartier du nord de la capitale Hararé, a déclaré le pasteur dans une vidéo de quarante-deux secondes publiée sur Facebook. « J’ai été interpellé car je me suis adressé à des étudiants qui protestent contre l’augmentation de leurs frais de scolarité. Je n’ai rien fait de mal. »

Contactés par l’AFP, sa sœur, Teldah Mawarire, et son avocat, Harrison Nkomo, ont tous deux confirmé l’interpellation. « Je suis avec lui au commissariat », a indiqué Harrison Nkomo.

Le pasteur avait déjà été arrêté en février à son arrivée à l’aéroport de Hararé alors qu’il rentrait de plus de six mois d’exil. Il avait été libéré une semaine plus tard contre le versement d’une caution et l’obligation de se présenter deux fois par semaine à la police.

« Une manifestation pacifique »

Les étudiants en médecine manifestaient lundi sur le campus de l’université de la capitale pour s’opposer au doublement de leurs frais de scolarité. « C’était une manifestation pacifique contre cette augmentation qui intervient à deux semaines de leurs examens », s’est plaint Allister Pfunde, président de l’Association nationale des étudiants. « La majorité de ces étudiants ne peut se payer de logement décent et de vrais repas, mais les autorités trouvent toujours cela correct d’alourdir leur fardeau. »

L’université a réagi en ordonnant l’expulsion du campus des manifestants, les accusant notamment d’avoir jeté des pierres sur des bâtiments. Le pasteur Mawarire, qui n’est affilié à aucun parti politique, avait lancé début 2016 sur les réseaux sociaux une campagne de protestation contre le gouvernement baptisée #ThisFlag (« ce drapeau »).

Ses vidéos, où il apparaissait avec le drapeau zimbabwéen en écharpe pour dénoncer les conditions de vie de la population avaient déclenché une grande vague de grèves et de manifestations dans le pays. Le mouvement s’était peu à peu éteint face à la brutale répression du régime du président Mugabé, âgé de 93 ans, au pouvoir depuis près de trente ans.