Le déclin des abeilles expliqué en 3 minutes
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Les ventes de néonicotinoïdes, des insecticides « tueurs d’abeilles », ont augmenté en France de 4 % entre 2013 et 2015, malgré le moratoire partiel imposé par l’Union européenne (UE) sur plusieurs d’entre eux, a fait savoir mercredi 28 juin l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF).

Les néonicotinoïdes sont des substances neurotoxiques qui, en s’attaquant au système nerveux des insectes, ont contribué au déclin des abeilles constaté notamment en Europe et en Amérique du Nord.

Ces chiffres sont publiés trois jours après un couac entre le ministère de l’environnement et celui de l’agriculture à ce sujet.

+ 158 % en 2015

En décembre 2013, l’Europe a restreint l’usage des trois principales substances pour les cultures à fleurs (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame), mais pas pour les céréales d’hiver. Les tonnages de clothianidine et de thiaméthoxame ont effectivement chuté de 72 %, passant de 70,6 tonnes à 19,7 tonnes.

Mais les usages interdits par l’UE de ces deux substances « se sont reportés sur le thiaclopride, dont l’utilisation a été multipliée par 2,5 », souligne l’UNAF. Les ventes de thiaclopride, massivement utilisé dans les cultures de maïs, ont ainsi bondi de 41 tonnes en 2013 à 105,9 tonnes en 2015 (+ 158 %).

Les ventes d’imidaclopride sont quant à elles restées stables, à 261,2 tonnes en 2015, contre 261,8 tonnes en 2013, et ce malgré le moratoire partiel. « Cela s’explique par le maintien de son autorisation sur les céréales à paille », explique l’UNAF, rappelant que cette substance « est l’insecticide qui contamine le plus les eaux de surface françaises ».

« La molécule peut être absorbée par des cultures non traitées jusqu’à deux ans après la première utilisation et peut se retrouver dans les pollens et les nectars à des niveaux toxiques pour les abeilles. »

Les néonicotinoïdes sont des substances neurotoxiques qui s’attaquent au système nerveux des insectes. AFP PHOTO FRED TANNEAU / AFP PHOTO / FRED TANNEAU | FRED TANNEAU / AFP

Le gouvernement Philippe dans le viseur

Dans son communiqué, l’Union des apiculteurs rappelle ainsi « qu’une interdiction européenne partielle ne suffit pas ». Un message clair adressé au nouveau gouvernement, après la passe d’armes entre Nicolas Hulot et le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert.

Ce dernier avait affirmé sur RMC lundi sa volonté de revenir sur l’interdiction des insecticides dits « néonicotinoïdes », la loi en question ne se trouvant pas selon lui « en conformité avec le droit européen ». « Il n’y a pas de substitution pour certains néonicotinoïdes », a-t-il ajouté, précisant qu’il souhaitait « travailler sur ce sujet avec Nicolas Hulot » et que l’arbitrage du premier ministre était attendu dans ce dossier sensible.

Le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, avait répondu immédiatement, sur son compte Twitter, que la question était déjà tranchée. « Les interdictions de néonicotinoïdes et d’épandage aérien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens », a-t-il déclaré sur le réseau de micromessagerie.

Le premier ministre, Edouard Philippe, a finalement éteint la controverse en fin de matinée, annonçant dans un communiqué que « le gouvernement a[vait] décidé de ne pas revenir sur l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes à partir de septembre 2018 ».