Des migrants dans le port italien de Crotone, le 21 juin. REUTERS/Stefano Rellandini/File photo | STEFANO RELLANDINI / REUTERS

Jusqu’à quand ? se demande l’Italie. Ou plutôt, jusqu’à combien ? Devant l’afflux de bateaux battant pavillon étranger et transportant des migrants secourus en Méditerranée, Rome a haussé le ton, mercredi 28 juin, et a menacé de bloquer l’entrée de ses ports. Plus de douze mille migrants ont été secourus entre dimanche et mardi au large de la Libye, dont cinq mille pour la seule journée de lundi.

Selon des médias italiens, le représentant permanent de la République italienne auprès de l’Union européenne, Maurizio Massari, a rencontré à Bruxelles le commissaire chargé de l’immigration européen, Dimitri Avramopoulos. Il lui a remis une lettre dans laquelle l’Italie explique qu’après les arrivées massives de migrants sur ses côtes au cours des derniers jours, « la situation a atteint la limite du supportable ».

« L’Italie a atteint un point de saturation »

Les gardes-côtes italiens coordonnent les opérations de sauvetage en Méditerranée, mais de nombreux bateaux étrangers, y compris plusieurs affrétés par des ONG, y participent. Tous les migrants secourus sont ensuite transportés vers des ports italiens, où ils sont hébergés dans des centres d’accueil, dont la capacité est saturée.

« Si on continue avec ces chiffres, la situation va être ingérable même pour un pays grand et ouvert comme le nôtre », a déclaré le président de la République italien, Sergio Mattarella, à Ottawa, cité par des médias italiens. « La situation à laquelle nous sommes exposés est grave, et l’Europe ne peut pas lui tourner le dos », a encore dit une source gouvernementale italienne à l’agence de presse Reuters, qui ajoute que « l’Italie a atteint un point de saturation ».

L’Italie se plaint depuis des années d’être livrée à elle-même face à la crise migratoire et aux arrivées grandissantes de migrants en provenance de Libye. Elle appelle à davantage de solidarité de la part de ses partenaires européens. Selon le ministère de l’intérieur italien, plus de 73 300 migrants sont arrivés sur le territoire national depuis le début de l’année. Une hausse de plus de 14 % par rapport à la même période en 2016.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), 2 005 personnes sont mortes ou sont portées disparues depuis le début de l’année en tentant de traverser la Méditerranée.