L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Quelque part en Belgique, au plus froid de l’hiver, une rue de village désolée, des commerces vides attendant le chaland qui se fait rare. Il semblerait même qu’il n’y ait plus personne pour y mourir, vu l’état de l’entreprise de pompes funèbres locale, qui périclite. Edmond Zweck (Olivier Gourmet), l’infortuné patron de cet établissement à l’ancienne, liquide donc des godets avec filles rieuses en fond de verre, au restaurant d’en face.

Un beau jour, une veuve éplorée se présente, grande bourgeoise, cimetière lointain, convoi nécessaire. Les affaires reprennent. Georges (Jean-Pierre Bacri), le bras droit d’Edmond, préretraité blasé, et Eddy (Arthur Dupont), jeune apprenti plein de bonne volonté, sont tout désignés pour convoyer. Les ennuis commencent ici, façon « buddy movie » empêtré, conduisant le film sur le chemin du surréalisme macabre.

Résurrection impromptue

Froid polaire, maladresse constitutionnelle, manque de chance, disposition des astres : la catastrophe est au rendez-vous, avec panne sèche sur lac gelé, cadavre qui se fait la malle, résurrection impromptue, on en passe et des meilleures.

Adapté de Edmond Ganglion et fils, du romancier Joel Eglof, le film, en dépit de la rareté du genre, ne se situe pas sur ses sommets artistiques. De William Faulkner (Tandis que j’agonise) à Bruno Podalydes (Adieu Berthe, l’enterrement de mémé), on a connu nettement plus inspiré. Ne tirons pas pour autant sur le corbillard : le film, premier long-métrage de son auteur, est tout au plus un gentil divertissement.

GRAND FROID - Bande-annonce - Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet

Film français de Gérard Pautonnier. Avec Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet (1 h 26). Sur le Web : diaphana.fr/film/grand-froid