Rien n’y a fait. Ni les tête à tête avec le président, ni les déjeuners avec le vice-président, ni les innombrables coups de téléphone de l’exécutif américain aux élus républicains réticents à entériner la réforme de l’assurance-santé promise par Donald Trump.

Alors que le vote était prévu pour la fin de cette semaine, le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a annoncé, mardi 27 juin, sa décision de repousser, au mieux, dans le courant du mois de juillet – après la semaine de congés liée à la fête nationale du 4 juillet –, la présentation de ce texte emblématique, censé abroger rapidement l’Obamacare, le système introduit sous la précédente administration.

Après les difficultés déjà rencontrées à la Chambre des représentants sur ce texte en mai, ce nouveau délai sonne comme un revers pour le président américain et son vice-président, qui ne parviennent pas à construire une majorité républicaine solide sur une réforme pourtant présentée comme une urgence face au « désastre » du système en vigueur.

Mardi après-midi, Donald Trump a pris la peine de recevoir les sénateurs du « Grand Old Party » (GOP) pour tenter de sortir de cette impasse politique, évoquant toutefois un possible échec, selon la presse américaine.

« Le statu quo n’est pas tenable »

Ce nouveau contretemps met aussi à mal l’autorité de Mitch McConnell sur les troupes républicaines et il interroge sur leur capacité à élaborer un système alternatif à l’Obamacare qu’elles promettent pourtant depuis sept ans. « Le statu quo n’est simplement pas tenable », a répété, mardi, le chef de la majorité républicaine au Sénat.

Mardi, cinq sénateurs républicains avaient fait savoir qu’ils ne voteraient pas le texte, intitulé « Better Care Reconciliation Act », en l’état. Or le Sénat, composé de 100 élus, ne compte que 52 républicains et ne pouvait donc se permettre autant de défections, d’où la décision de reporter le vote.

Les démocrates, de leur côté, ont affirmé qu’ils se prononceraient en bloc contre la réforme envisagée, s’attirant à plusieurs reprises les foudres du président américain. M. Trump a une nouvelle fois dénoncé, mardi, sur Twitter ce positionnement. « Avec ZERO démocrates pour les aider, les sénateurs républicains travaillent dur ! »

Le projet amendé par les sénateurs se heurte aux mêmes déboires que le texte initial, voté à une très courte majorité par la Chambre des représentants. Jugé insuffisamment réformateur par l’aile ultra-conservatrice du GOP, il ne satisfait pas non plus une partie des élus plus modérés, qui craignent les effets dévastateurs des nouvelles mesures sur une partie de leur électorat. Les premiers estiment que le coût de la couverture santé des Américains continue de coûter trop cher aux finances publiques ; les seconds s’élèvent au contraire contre les coupes prévues dans les aides aux familles les plus modestes.

Inquiétude de l’opinion publique

Lundi, un rapport du bureau du budget du Congrès (CBO) avait une nouvelle fois estimé que les dispositions prévues dans le texte du Sénat priveraient 22 millions d’Américains supplémentaires d’assurance-maladie sur les dix prochaines années, portant à près de 50 millions le nombre de personnes dans ce cas.

Elles se traduiraient aussi, dans un premier temps, par une hausse des primes d’assurance pour certaines tranches de la population, en particulier les plus de 65 ans. Les économies réalisées sur les subventions publiques – notamment celles allouées au système Medicaid destiné aux plus pauvres et aux handicapés –, et la baisse de certains des impôts ayant permis le financement de l’Obamacare permettraient, elles, une baisse du déficit de 321 milliards de dollars (283 milliards d’euros) sur dix ans.

Elu en partie sur sa promesse d’abroger et de remplacer l’Obamacare, un système critiqué par une partie des Américains pour son caractère obligatoire et le coût des primes d’assurance, M. Trump fait aujourd’hui face à une opinion publique inquiète des effets du futur « Trumpcare ».

Un sondage publié le 21 juin par la Quinnipiac University indiquait que seuls 17 % des Américains approuvaient les termes de la loi sur l’assurance-santé votée en mai par la chambre des représentants. Et, désormais, seule une minorité de républicains (42 %) partagent cette opinion. De quoi faire réfléchir les élus, alors que les élections de mi-mandat se tiendront en 2018.

Dans ce contexte, il n’est pas certain qu’un délai de quelques semaines suffise à rapprocher des positions qui, au sein du GOP, paraissent difficilement conciliables.