Paul Giacobbi a été mis en examen, mercredi 28 juin. / AFP / Pascal POCHARD-CASABIANCA | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

L’ancien député apparenté radical de gauche de Haute-Corse, Paul Giacobbi, a été mis en examen, mercredi 28 juin, pour détournement de fonds, dans le cadre d’une enquête sur des emplois présumés fictifs en Corse.

L’enquête porte sur des faits remontant à l’époque où Paul Giacobbi dirigeait l’exécutif corse, entre mars 2010 et décembre 2015, avant que les nationalistes ne remportent les élections territoriales. « Il lui est reproché d’avoir validé le recrutement de personnes employées fictivement, et validé des dépenses somptuaires injustifiées », a précise le procureur.

Face aux enquêteurs, Paul Giacobbi a nié les faits qui lui sont reprochés. Pour Me Emmanuel Mercinier Pantalacci, conseil de M. Giacobbi, les abus dont on tient pour responsable son client ont été « commis par son entourage, au sein de son cabinet et de la direction générale des services ». « Nous démontrerons que les agissements des collaborateurs concernés lui étaient parfaitement dissimulés », a-t-il ajouté, estimant qu’« aucune responsabilité personnelle ne saurait être attribuée » à son client.

Outre M. Giacobbi, cinq autres personnes ont été mises en examen mercredi soir dans cette affaire : l’ancien directeur général des services de la collectivité territoriale, Thierry Gamba-Martini, pour « détournement de biens publics », l’ancien directeur de cabinet de M. Giacobbi, Augustin-Dominique Viola, pour « complicité », sa nièce et deux autres femmes pour « recel de détournement de biens publics ». « Ils ont tous été placés sous contrôle judiciaire et ont interdiction de se rencontrer », a précisé le procureur de la République Nicolas Bessone.

Un « assassinat politique »

M. Giacobbi, 60 ans, a déjà été condamné à trois ans de prison ferme et cinq ans d’inégibilité en janvier dans une autre affaire, pour détournement de fonds publics. Une condamnation dont il a fait appel. Pour sa défense, M. Giacobbi avait affirmé que « l’administration avait failli » et que sa signature a été imitée. Il réfutait, par ailleurs, « le mobile électoraliste » de ce détournement, car, a-t-il dit, s’il avait voulu « arroser », il l’aurait « fait avant et de manière différente », précisant que « distribuer 100 000 euros n’a aucun impact politique ».

« C’est un assassinat politique », avait commenté son avocat, Me Jean-Louis Seatelli. Fervent soutien d’Emmanuel Macron en Corse avant la présidentielle, Paul Giacobbi, député de Haute-Corse depuis 2002, avait d’ailleurs renoncé à briguer un nouveau mandat lors des dernières élections législatives.