L’avis du « Monde » – à voir

The Last Girl, celle qui a tous les dons a le charme de ces films de série qui essaient de contourner ou d’inverser les conventions d’un genre particulièrement essoré tout en ne perdant pas de vue les exigences fondamentales qui les déterminent. Dans un futur que l’on découvrira de plus en plus apocalyptique, une base militaire secrète détient des enfants. On les sort régulièrement de ce qui ressemble à des cellules pour les traîner, enchaînés à des fauteuils roulants, dans une salle de classe et leur prodiguer des cours. Mais ces chères têtes blondes ne sont pas ce que l’on croit. Les gamins sont atteints d’une maladie qui les transforme, dès qu’ils sentent une odeur humaine, en monstres anthropophages, déchiquetant quiconque passe à leur portée.

The Last Girl est une nouvelle variation sur un thème devenu classique depuis les films de zombies cannibales de Georges Romero. A la suite d’une attaque de la base, un petit groupe de savants et de militaires s’échappe et erre désormais à la recherche d’un abri dans un monde dévasté, hanté par des hordes d’infectés de tous âges, en quête de chaîr fraiche. Les fugitifs sont aidés par une petite fille surdouée, elle aussi contaminée, cobaye forcé de porter une muselière et tentant d’aider les survivants contre sa propre et violente pulsion qui menace, à tous moments, de prendre le dessus. Le suspense du film est ainsi en partie fondé sur la dangerosité potentielle d’un personnage au statut incertain, petite bombe à retardement.

Plaisante série B

La seconde partie de The Last Girl, celle qui a tous les dons, odyssée d’un groupe qui se déchire (savants contre militaires, dans la bonne tradition du genre) tout en essayant de survivre, devient un jeu de piste mortel, riche en tensions et en péripéties violentes. Sans doute, cette effervescence doit-elle beaucoup à la personnalité du scénariste, Mike Carey, auteur de bandes dessinées et créateur de jeux vidéo (X-Men-Destiny), toutes formes esthétiques imprégnant profondément cette plaisante série B d’aujourd’hui.

Le film de Colm McCarthy, réalisateur de télévision prolifique, ne bouleverse donc pas les règles du film horrifique tant les diverses variations, désormais guère iconoclastes, qu’il propose ont déjà, ailleurs et sous d’autres formes, été effectuées. Mais c’est peut-être dans le savant dosage des différences et des répétitions que cinéaste et scénariste sont parvenus à réaliser une œuvre au suspense prenant, dont le relativisme moral rejoint, à la fin, l’idée développée par Richard Matheson dans son roman, Je suis une légende. C’est le nombre qui décide, finalement, de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas.

The Last Girl - Celle qui a tous les dons : Bande-annonce VF

Film britannique et américain de Colm McCarthy. Avec Sennia Nanua, Glenn Close, Gemma Arterton (1 h 52). Sur le Web : www.la-belle-company.com/prochainement-en-salle/the-last-girl-le-film.html et www.warnerbros.co.uk/movies/the-girl-with-all-the-gifts