En 1984, elle fut un témoin clé de l’affaire. Elle avait dit avoir assisté à l’enlèvement du petit Grégory, avant de se rétracter. Trente-trois ans après la mort, toujours inexpliquée, de l’enfant de la famille Villemin, Murielle Bolle a été mise en examen, jeudi 29 juin, pour « enlèvement », a annoncé son avocat Jean-Paul Teissonnière.

Arrêtée mercredi à son domicile dans les Vosges, cette femme de 48 ans avait été transférée jeudi matin à Dijon au terme de sa garde à vue. Toutefois son audition par la juge d’instruction a été retardée par un malaise de la suspecte nécessitant une brève hospitalisation.

« Un débat aura lieu mardi sur sa mise en liberté ou son maintien en détention », a précisé son conseil. « Il faut qu’on ait le temps de démonter le canevas de ragots et de mensonges qui constituent l’essentiel de l’accusation », a-t-il déclaré à sa sortie de la cour d’appel.

Rétractation

Murielle Bolle avait 15 ans quand le corps sans vie de Grégory fut retrouvé. Interrogée deux semaines plus tard, elle affirmait avoir été présente le jour de l’enlèvement du petit garçon. elle disait avoir été en voiture avec Bernard Laroche, son beau-frère et cousin germain de Jean-Marie Villemin, le père de l’enfant.

Selon Murielle Bolle, Bernard Laroche était passé chercher Grégory chez ses parents. Des propos répétés deux jours plus tard devant le juge d’instruction Jean-Michel Lambert, qui inculpa sans attendre Bernard Laroche d’assassinat.

Mais après une nuit en famille, Murielle Bolle se rétracta le lendemain, expliquant que les gendarmes l’avaient menacée de l’envoyer en maison de correction et de l’inculper de complicité afin d’obtenir ses aveux.

En 1985, Bernard Laroche fut remis en liberté. C’est alors que le père de Grégory le tua. Les soupçons se portèrent ensuite sur Christine Villemin, la mère du garçonnet, qui fut finalement innocentée.

Les « corbeaux » identifiés ?

Le défèrement de Murielle Bolle intervient moins de deux semaines après la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, un grand-oncle et une grand-tante de l’enfant qui étaient proches de Bernard Laroche, pour enlèvement et séquestration suivie de mort.

L’enquête sur la mort inexpliquée de Grégory Villemin a été relancée à la suite de l’interpellation récente et de la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de l’enfant. Mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort, écroués puis libérés sous contrôle judiciaire, les deux septuagénaires résident depuis séparément, à des adresses secrètes, et restent au centre des soupçons.

Avec eux, qui étaient proches de Bernard Laroche, les enquêteurs pensent avoir mis la main sur les « corbeaux » de l’affaire grâce à une nouvelle expertise graphologique attribuant à Jacqueline Jacob un courrier de 1983. Mais ils vont plus loin, établissant un lien avec la lettre anonyme qui avait revendiqué l’assassinat, postée avant même la découverte du corps. Et donc avec le crime lui-même. Les avocats du couple, Stéphane Giuranna et Gary Lagardette, opposent au contraire l’absence de preuves.