L’édition scolaire a bénéficié d’une conjonction astrale exceptionnelle en 2016 et bénéficiera encore en 2017 de la seconde vague de mise en place de nouveaux manuels au collège. | MIGUEL MEDINA / AFP

L’édition peut dire merci aux écoliers. Et à leurs parents. Les nouveaux – et nombreux – livres de mathématiques, français ou d’histoire placés dans les cartables des enfants ont en effet permis d’atténuer la morosité du secteur.

En 2016, la croissance de l’édition n’a tenu qu’au renouvellement des manuels scolaires. Selon les chiffres du Syndicat national de l’édition (SNE) rendus publics jeudi 29 juin, le chiffre d’affaires des éditeurs a augmenté de 4,25 % l’an dernier en France, pour atteindre 2,83 milliards d’euros. Mais hors édition scolaire – et réforme exceptionnelle des programmes du CP à la 3e –, ce volume d’affaires a stagné à 2,43 milliards d’euros (+0,11 %).

Le nombre d’exemplaires de livres vendus l’an dernier a augmenté de 4,1 % pour atteindre 435 millions. Là encore, si l’on exclut tous les manuels demandés à l’école, « seulement » 374 millions d’ouvrages ont été achetés (+2,5 % par rapport à 2015).

Le livre de poche continue sur sa lancée

Dans le chiffre d’affaires des éditeurs, la part du produit des cessions de droits (les revenus complémentaires issus des contrats générés pour l’édition des livres en poche, les traductions, les adaptations audiovisuelles…) accuse une très légère baisse, à 132,2 millions d’euros. Une manne qui contribue à la marge nette des éditeurs.

Après avoir connu une embellie en 2015, le marché du livre de poche a continué sur sa lancée l’an dernier. Le revenu net des éditeurs a atteint 378 millions d’euros (+8 %) pour un total de 117 millions d’exemplaires écoulés. Selon l’institut d’études GFK, les auteurs à succès mastodontes comme Guillaume Musso, Marc Levy, Laurent Gounelle voire Paula Hawkins ont fortement contribué à tirer ces ventes. La belle surprise de l’auteure italienne Elena Ferrante a bousculé ce classement attendu. La littérature pèse toujours 60 % du marché des livres de poche, devant la jeunesse et le livre pratique.

L’an dernier, la production éditoriale (nouveautés et réimpressions) a augmenté de façon significative (+8,22 %) pour franchir la barre des 103 500 titres. Au total, 553 millions d’exemplaires ont été imprimés. Plus de titres certes, mais des tirages plus faibles : en moyenne par exemple, celui des nouveautés ne se situe plus qu’à 7 263 exemplaires (-7,1 % par rapport à 2015).

Fort recul de la romance érotique

Les différents segments de l’édition ne sont pas tous logés à la même enseigne. Le premier d’entre eux, la littérature, a pâti du fort recul de la romance érotique – après le succès de Cinquante nuances de Grey de E. L. James (JC Lattès, 2012) – et de l’absence de titres phares qui avaient porté le marché en 2015 comme Soumission de Michel Houellebecq (Flammarion).

L’édition scolaire a bénéficié d’une conjonction astrale exceptionnelle et bénéficiera encore en 2017 de la seconde vague de mise en place de nouveaux manuels au collège. Les sciences humaines et sociales ont été exceptionnellement favorisées par la bonne tenue des éditions juridiques.

Une nouvelle fois, l’édition jeunesse a affiché une belle santé grâce notamment à la pièce de théâtre Harry Potter et l’enfant maudit de J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne (Gallimard).

En revanche, dans la bande dessinée, les blockbusters de l’année 2016, Blake et Mortimer ou Lucky Luke n’ont pas réussi à égaler le succès des ventes du dernier tome d’Astérix et Obélix qui avait tonifié le marché en 2015.

L’édition numérique décolle

Les livres pratiques séduisent toujours plus que jamais aussi bien les amateurs de « vivre mieux » et d’éducation bienveillante que les amoureux du jardinage et d’écologie.

Le petit secteur des livres d’art et des beaux livres a quant à lui souffert des attentats et de la baisse de fréquentation des musées – et donc des potentiels acheteurs de catalogues d’exposition.

Enfin, l’édition numérique, qui avait jusqu’à présent bien du mal à décoller, commence à trouver sa vitesse de croisière. Elle représentait l’an dernier 234 millions d’euros, grâce à un bond de 29,7 % de sa croissance.