30 % des étudiants interrogés par la Smerep déclarent consommer du cannabis. | MIGUEL MEDINA / AFP

Sexualité à risques, manque de sommeil, consommation excessive d’alcool, hygiène bucco-dentaire perfectible… L’étude 2016, publiée jeudi 29 juin par la mutuelle étudiante Smerep, dresse un bilan préoccupant de la perception qu’ont des lycéens et étudiants de leur état de santé.

Une sexualité à risques

17 ans, c’est la moyenne d’âge du premier rapport sexuel pour les hommes comme pour les femmes. Elle reste stable. L’usage du préservatif n’est pas systématique pour 37 % des lycéens, et le chiffre monte à 54 % chez les étudiants (57 % en 2016). Pourquoi ne pas se protéger et protéger son ou sa partenaire ? 20 % affirment ne pas savoir mettre un préservatif mais surtout, 80 % pensent avoir un partenaire stable. Enfin, 17 % pointent une baisse de « sensations » lorsque les rapports sont protégés.

La promesse de fidélité serait donc la première raison de la non-utilisation des préservatifs, mais ils sont également 77 % à ne pas se soumettre à un dépistage des infections sexuellement transmissibles à chaque changement de partenaire. De nombreux étudiants (30 %) ont encore des croyances erronées sur le sida, et pensent qu’une poignée de main ou une piqûre de moustique constituent un mode de transmission. Enfin, 10 % croient aux possibilités de guérison de la maladie. Or, si « des traitements permettent de vivre un peu mieux, on ne peut toujours pas en guérir », rappelle Hadrien Le Roux, président de la Smerep.

La pilule du lendemain à la hausse

Conséquences de ce manque d’engouement pour l’utilisation des préservatifs : 33 % des lycéennes ayant eu des rapports sexuels ont déjà eu recours à la contraception d’urgence et 7 % ont dû subir une interruption volontaire de grossesse. Une fois étudiantes, l’usage de la pilule contraceptive se banalise : 60 % des jeunes femmes concernées l’utilisent. Toutefois, la contraception d’urgence augmente également. En 2015, la pilule du lendemain avait été utilisée par 28 % des étudiantes selon une étude de la LMDE, l’autre réseau mutualiste étudiant. Deux ans plus tard, elles sont 42 % à dire y avoir eu recours, selon l’enquête de la Smerep.

Des revenus en baisse

Les étudiants français vivent en 2017 avec en moyenne 379 euros par mois, souligne l’étude de la Smerep. En 2015, leur budget mensuel était de 388 euros. « L’érosion de leur revenu moyen ne cesse depuis dix ans, souligne M. Le Roux, il était alors de 470 euros. » Leur alimentation en fait les frais : 38 % des étudiants dépensent moins de 5 % de leur budget par jour pour se nourrir et depuis un an, le budget moyen lié à l’alimentation a baissé de 10 %.

En revanche, ils ne reconcent ni aux sorties, ni au shopping, ni à la culture, leurs trois principaux postes de dépense. La santé arrive en 4e position. 21 % disent avoir renoncé à se soigner pour des raisons financières. « Même si les soins médicaux sont gratuits », rappelle le président de la Smerep, qui souligne la nécessité de maintenir une politique de prévention auprès d’une population peu concernée par sa propre santé.

Stress, alcool et cannabis

Si 80 % des étudiants se sentent en bonne santé, les failles inquiétantes de leur diagnostic ne manquent pas. Près de 20 % dorment moins de six heures par nuit et 10 % sont concernés par la prise d’anxiolytiques, d’antidépresseurs et autres médicaments contre le stress. 25 % des étudiants se déclarent fumeurs, 15 % des lycéens. Au tabac s’ajoute l’alcool : 83 % des étudiants en ont déjà bu et 38 % reconnaissent une consommation régulière ou excessive. En moyenne, lors des fêtes étudiantes, cinq verres d’alcool sont consommés. La première motivation revendiquée dans cette prise de boissons excessive est de « relâcher la pression ». Le binge drinking (boire vite de grandes quantités d’alcool) est une pratique courante.

Ils sont en outre l(30 %) à reconnaître à consommer du cannabis. « Comme ils se savent en bonne santé, ils considèrent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et user leur capital santé », analyse Hadien Le Roux.

Enfin, certains gestes d’hygiène élémentaires ne sont pas assimilés par tous : le simple fait de se laver les dents matin et soir n’est pas intégré par 25 % d’entre eux.