Film d’animation sur Gulli à 20 h 50

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill - Bande Annonce

Adapté de la bande dessinée du même nom de Jean Regnaud et Emile Bravo, Ma maman est en Amérique… narre cette période particulière de la vie de Jean, 6 ans, où son monde bascule. Confié chaque jour, avec son jeune frère, aux bons soins d’une nounou aimante, le gamin découvre tour à tour que le Père Noël n’existe pas et que sa mère n’est peut-être pas partie en voyage. C’est avec beaucoup de justesse que les deux réalisateurs de ce joli film d’animation dépeignent le quotidien d’un enfant, dans les années 1970.

Il y a l’école, bien sûr, où se jouent tous les petits drames du quotidien ; la salle de classe avec sa vieille maîtresse qui fait la discipline, un sifflet à la bouche ; la vie familiale, avec un père, patron d’une conserverie, qui a toujours l’air un peu triste ; la petite voisine, enfin, qui lit à Jean les cartes postales que sa mère lui envoie, comme un secret en partage.

Raconté du point de vue de l’enfant, le film ne cède pas à la nostalgie. Il donne à voir les traits saillants d’un passé révolu et ces marqueurs temporels sont des balises pour la mémoire mais pas pour l’imaginaire.

« Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill », de Marc Boréal et Thibaut Chatel. | GULLI

L’histoire, universelle, traverse les époques. C’est celle d’un petit garçon qui grandit et se confronte à une vérité, édulcorée par les adultes, désireux de le maintenir dans l’insouciance de l’enfance. Si le film a ces accents de vérité si prononcés, c’est qu’il s’écrit à l’aune de la biographie de Jean ­Regnaud, l’auteur de la BD.

A partir de cet exercice de remémoration, les deux auteurs ont imaginé un univers aux couleurs du souvenir. Avec sa gamme chromatique propre aux seventies, ce film d’animation, réalisé en 2D, a cette simplicité des jeux enfantins. Point d’angélisme cependant dans le portrait de cette enfance, socialement privilégiée, mais entachée par la perte d’un être cher. Si Jean est trop petit pour comprendre le malheur de sa petite voisine, issue d’un milieu défavorisé, le spectateur perçoit sa détresse. Les réalisateurs ne s’appesantissent pas sur les clivages sociaux, mais, bien présents, ils apportent au film un relief bienvenu. A cette finesse de regard s’ajoute une justesse d’écriture. Ma maman est en Amérique est un parfait précipité d’enfance.

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill, de Marc Boréal et Thibaut Chatel (Fr.-Lux., 2013, 90 min).