Retour à la réalité - On ne compte plus les études de grands cabinets de consultants annonçant l’imminence du décollage de la drone-économie et agitant la perspective de taux de croissance à deux chiffres. Les observations réalisées par le moteur de recherche d’annonces d’emploi allemand Joblift incitent à prendre un certain recul avec ces prévisions. Aujourd’hui, le drone professionnel n’est encore qu’une niche. Joblift, implanté à travers l’Europe, estime à 2 % le rythme de croissance des embauches réalisées en France depuis janvier 2016. Ce chiffre ne peut certes pas prétendre regrouper l’intégralité des propositions d’emploi, mais il n’en est pas moins représentatif… et décevant. Surtout si on le rapporte à la moyenne nationale. L’an passé, indique le cabinet de recrutement Robert Walters, l’ensemble des offres d’emploi déposées en France a augmenté de 39 %. Joblift a recensé au total 1 804 annonces entre janvier 2016 et juin 2017 dans le cadre d’une activité drone - la encore, le chiffre n’a rien d’impressionnant - dont 50 % proviennent de l’Armée de Terre.

L’essentiel des emplois dans le secteur des drones est assuré par l’Armée. Ici un MQ-9 Reaper de l’US Air Force. | STAFF / REUTERS

Le drone civil à la traîne - L’autre moitié des offres d’emploi déposées dans le secteur des drones professionnels concerne l’aérospatial et, dans une moindre mesure, l’aéronautique. Le secteur des drones de loisir ne représente pas plus d’une annonce sur vingt-cinq et celui des usages agricoles ne dépasse pas 2 % du total. En clair, l’économie du drone professionnel reste tributaire des activités militaires que ce soit directement ou indirectement. Le drone civil à proprement parler, quant à lui, semble encore loin d’avoir décollé. Malgré plusieurs belles réussites (DroneVolt, RedBird, AzurDrones, DelairTech, entre autres) il reste en France à un stade à peine plus qu’embryonnaire. Il est vrai que l’année écoulée n’aura pas été rose pour les appareils de loisir à la française avec le repli en catastrophe opéré par Parrot qui a annoncé pour ses 290 suppressions d’emplois dans sa division drones.

Les deux-tiers des embauches dans le secteur des drones sont des CDI. | Denis Farrell / AP

Pas seulement des emplois qualités - L’essor de la drone-économie serait d’autant plus bénéfique qu’elle génère des emplois apparemment durables : 65 % des offres sont des CDI et 32 % des contrats d’apprentissage ou de stage) et ne se concentre pas sur les seuls profils de haut niveau. Globalement, un peu moins d’un tiers des offres se porte sur des emplois d’ingénieurs, devant les techniciens électroniques (8 %) et les développeurs informatiques (7 %) mais la moitié des annonces sont déposées pour recruter des pilotes et opérateurs, des profils moins qualifiés.

Selon Joblift, le Royaume-Uni n’affiche pas un dynamisme à couper le souffle. Le site recense 914 offres d’emploi au cours des douze derniers mois dont les trois-quarts concernent les drones à usage récréatif. En Allemagne, ce sont les embauches réalisées dans le secteur des industries énergétiques et agricoles (45 %) qui dominent.