La ministre du travail, Muriel Pénicaud, à Paris le 28 juin. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

L’actuelle ministre du travail, Muriel Pénicaud, était-elle informée des dysfonctionnements budgétaires liés à l’organisation d’une soirée de promotion du high-tech français, organisée en janvier 2016 à Las Vegas dans le cadre du salon CES (Consumer Electronics Show) ? Après des révélations du Canard enchaîné et de Libération, Le Journal du Dimanche affirme, dimanche 2 juillet, que Mme Pénicaud était au courant dès 2015 des difficultés de financement et risques d’irrégularité liés à la mise sur pied de cette soirée autour d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, organisée dans le cadre du salon CES (Consumer Electronics Show).

L’hebdomadaire publie le fac-similé d’un courriel daté du 11 décembre 2015, dans lequel la directrice de la communication de Business France, agence publique dont Muriel Pénicaud était à l’époque directrice générale, écrit :

« Muriel, briefée par nos soins, ne fait rien. Donc elle gérera aussi quand la CdesC [Cour des comptes] demandera des comptes à BF, ce ne sera pas faute d’avoir dit et redit. »

Le parquet de Paris a ouvert le 13 mars une enquête préliminaire sur des soupçons de délit de favoritisme visant Business France. L’organisme de promotion des entreprises françaises à l’étranger est soupçonné d’avoir confié au géant Havas l’organisation de la soirée, sans avoir procédé à un appel d’offres. Dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte notamment pour favoritisme, les sièges de Business France et de Havas ont été perquisitionnés, le 20 juin.

« Une erreur de procédure a eu lieu »

Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse à la suite des révélations du Journal du dimanche, Muriel Pénicaud dit, elle, avoir « été informée par la direction financière à la fin de février 2016 ». Elle a alors « fait stopper tout paiement éventuel à l’agence de communication prestataire et a demandé à ce qu’un audit interne et un audit externe auprès d’un cabinet d’audit indépendant soit immédiatement diligenté afin d’identifier les dysfonctionnements et responsabilités. »

Une ligne de défense similaire à celle adoptée après les révélations de Libération, qui a publié mercredi un article affirmant que Muriel Pénicaud a étouffé six mois durant un rapport d’audit, commandée par ses soins, pointant des dysfonctionnements. La ministre du travail aurait aussi validé certaines dépenses liées à la soirée. « Il y a eu une erreur de procédure (…) quand j’ai été alertée, j’ai immédiatement déclenché un audit interne et externe (…) », s’était-elle défendue.

Dans son communiqué à l’AFP, l’ancienne directrice générale de Business France reconnaît à nouveau qu’« une erreur de procédure a eu lieu » pour l’organisation de la soirée. « Compte tenu des montants engagés, qui dépassaient le seuil de délégation autorisé de 90 000 euros, la décision de la commande publique aurait dû être soumise à la validation et à la signature de la directrice générale, ce qui n’a pas été le cas », affirme-t-elle.