Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée le 28 juin. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Sur les bancs de l’assemblée, comme dans les médias, Jean-Luc Mélenchon donne le ton. Dans Le Journal du dimanche du 2 juillet, le leader de La France insoumise a accusé les autres partis de gauche, du Parti communiste français (PCF) au Parti socialiste (PS) en passant par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), d’avoir été complices pour « bloquer la percée » de son mouvement.

« Ne focalisons pas sur l’ambiance de décomposition de la vieille gauche ! Les spasmes d’agonie du PS, du PCF, d’EELV, leur échec électoral terrible et celui de leur complicité pour bloquer la percée de La France insoumise, leurs congrès respectifs, la réunion de Hamon : ce ne sont que des entre-soi juxtaposés. Laissons décanter. La vie est ailleurs », a déclaré M. Mélenchon, alors que le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a annoncé samedi son départ du PS en même temps que le lancement de son « Mouvement du 1er juillet ».

Pour ce qui est de La France insoumise, « nous avons réuni 7 millions de voix à la présidentielle, bâti un mouvement de 500 000 personnes autour d’un programme, L’Avenir en commun, et formé un groupe parlementaire. Le déploiement d’une force nouvelle est en cours. Bienvenue à tout le monde pour y travailler », a ajouté M. Mélenchon.

Une opposition qui argumente

Dans cet entretien, le nouveau député des Bouches-du-Rhône promet également d’incarner une opposition déterminée au Parlement comme en dehors, notamment contre la réforme du code du travail.

« L’opposition sera globale et frontale. Mais surtout, nous serons une opposition qui argumente et propose afin de convaincre », précise-t-il, se faisant fort d’effriter la cohésion des élus du parti présidentiel de la République en marche, en faisant « changer d’avis beaucoup de députés ».

« Voyez la composition sociale de ce groupe : des cadres supérieurs. Dans la vie, ils donnent des ordres et n’ont pas l’habitude d’en recevoir. Donc, si on argumente, ils ne se plieront pas forcément à la discipline imposée par le président et [le président du groupe REM à l’Assemblée] Richard Ferrand, le vrai numéro deux du régime », argumente M. Mélenchon.

« Nous ne lâcherons rien. Nous informerons, nous mobiliserons. S’il le faut, nous appellerons nous-mêmes à des mobilisations populaires avec la jeunesse et dans les quartiers. »

Edouard Philippe, « réduit au néant politique »

Enfin M. Mélenchon dénonce une nouvelle fois dans cet entretien l’exercice « pharaonique » du pouvoir par Emmanuel Macron, l’accusant d’humilier son premier ministre et d’abaisser le Parlement. Evoquant notamment le discours que doit prononcer lundi le chef de l’Etat devant les deux chambres réunies en Congrès, à la veille de la déclaration de politique générale d’Edouard Philippe, M. Mélenchon dénonce « une situation asphyxiante pour tout le monde, y compris ses propres partisans et surtout son premier ministre ».

Selon lui, Edouard Philippe « a trahi son parti pour faire carrière. Il sait qu’il est un homme seul. Le président le sait et l’a piégé. Édouard Philippe n’a plus d’autres choix que de baisser la tête et de dire oui. S’il démissionnait, ce qu’aurait fait n’importe quel premier ministre à sa place, il provoquerait une crise. Il ne le fera pas. Il vient d’être réduit au néant politique. »

« Le voilà rabaissé devant tout le Parlement au rang de collaborateur que Sarkozy voulait pour Fillon. Dans l’humiliation d’un premier ministre, personne n’est allé si loin. Et dans l’abaissement du Parlement non plus », affirme enfin M. Mélenchon, dont le groupe parlementaire a décidé de boycotter l’intervention présidentielle à Versailles.