Une boite de baclofène. | DAMIEN MEYER / AFP

Nouvel épisode sur le baclofène. Selon une étude rendue publique lundi 3 juillet par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce médicament, utilisé à fortes doses pour traiter l’alcoolisme, est associé à un risque de décès de plus du double par rapport à celui observé avec les médicaments commercialisés contre cette maladie.

A hautes doses, le risque d’hospitalisation augmente de l’ordre de 50 %, selon l’étude conduite par la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) en collaboration avec l’ANSM et l’Inserm sur la période de 2009 à 2015.

C’est au-delà de 180 mg/jour que cette hausse du risque d’hospitalisation, et surtout de décès, de patients traités par baclofène, par rapport aux traitements de la dépendance à l’alcool, apparaît particulièrement nette, selon l’étude.

Entre 2009 et 2015, sur l’ensemble des personnes ayant commencé un traitement avec le baclofène, plus des deux tiers, soit 213 000 patients, l’ont utilisé principalement contre la dépendance à l’alcool.

Pour des doses entre 75 mg/jour et 180 mg/jour, le risque d’hospitalisation est modérément augmenté, de 15 %, par rapport aux traitements disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter l’alcoolisme, mais le risque de décès est multiplié par 1,5 (et par 2,27 au delà de 180 mg/jour).

Prescrit depuis quarante ans comme relaxant

En particulier, le risque d’intoxication, d’épilepsie et de mort inexpliquée [selon le certificat de décès] s’accroît avec la dose de baclofène reçue. « Il n’y a pas une meilleure adhésion [des patients] au baclofène qu’aux autres traitements », remarque le docteur Dominique Martin, patron de l’ANSM.

Au cours des six premiers mois, seuls 10 % des patients l’ont pris sans l’interrompre. Et finalement, comme pour les autres médicaments indiqués contre la dépendance à l’alcool, plus de quatre patients sur cinq commençant un traitement avec le baclofène l’arrêtent définitivement au cours des six premiers mois d’utilisation.

Autorisé en neurologie, le baclofène est prescrit depuis quarante ans comme relaxant musculaire. Il peut être prescrit contre l’alcoolisme dans le cadre d’une recommandation d’utilisation temporaire (RTU), en attendant une AMM pour cette indication.

Sa popularité a explosé en 2008 avec la parution du livre Le Dernier Verre, d’Olivier Ameisen, un cardiologue, mort depuis, qui y racontait que ce médicament avait supprimé son envie de boire de l’alcool.