MC Solaar s’est installé dans le fond du théâtre municipal de Vienne (Isère) au côté de Zoxea et des Sages Poètes de la rue. Le soir même de ce samedi 1er juillet, il sera sur la scène du Hip Hop Symphonique, programmé dans le cadre du festival Jazz à Vienne. Celui qui a donné ses lettres de noblesse au rap français au début des années 1990 assiste discrètement à la conférence « Le Flow dans le jazz ». Puis c’est l’heure des balances, et Solaar file à l’anglaise pour retrouver les quatre-vingts musiciens de l’Orchestre national de Lyon au Théâtre antique.

C’est la deuxième fois que le rappeur participe à cette relecture de son répertoire (en fait, deux morceaux, Caroline et Nouveau western) et de celui de ses collègues, Ärsenik, Les Sages Poètes de la rue, les Toulousains Bigflo et Oli, qui interpréteront chacun autant de titres sous la direction de la chef d’orchestre Dina Gilbert et du pianiste Issam Krimi.

Une retraite de presque dix ans

La première avait eu lieu dans l’auditorium de Radio France, à Paris, avec l’Orchestre philharmonique, en juillet 2016. Quelques jours plus tard, MC Solaar, de son vrai nom Claude M’Barali, reprenait les chemins du studio d’enregistrement et mettait fin à une longue retraite de presque dix ans.

Depuis la sortie de son septième album, Chapitre 7, en 2007, il n’a composé que deux morceaux, Le Rabbi Muffin, pour une comédie musicale dirigée par Patrick Timsit, et un duo avec le producteur électro-dub Tom Fire, The Revenge, en 2011.

La figure de proue du rap francophone monte sur scène uniquement pour des concerts caritatifs, ceux des Enfoirés ou de la Fête de l’espoir, en Suisse. Il a surtout profité de ses enfants, comme il l’a raconté en avril dans un entretien à L’Obs. Les deux adolescents, âgés de 13 et 10 ans, le rejoignent d’ailleurs alors qu’il termine ses balances à Vienne.

Bigflo et Oli, 21 et 24 ans, les nouvelles coqueluches de cette génération, le saluent, puis Solaar s’efface à nouveau pour « emmener les petits manger ». Les deux frères en profitent pour dire leur admiration : « La première fois qu’on l’a rencontré, l’année dernière,on n’osait pas lui parler, raconte Bigflo. Et puis, c’est lui qui est venu nous voir. Il voulait un selfie avec nous pour ses enfants. »

Eric K-Roz, Alain J et Tefa

Claude MC a été un des premiers rappeurs à répondre à l’appel du Mouv’, la radio jeune de Radio France créée en 1997, qui voulait retranscrire en partition ses morceaux rap pour le classique. Bruno Laforestrie, son directeur, à l’initiative du Hip Hop Symphonique, raconte : « L’inviter était logique : Nouveau western est le premier morceau qui a été diffusé sur l’antenne du Mouv’, il y a vingt ans. »

C’est ce titre qui clôt d’ailleurs le Hip Hop Symphonique à Vienne, où MC Solaar fait revenir sur scène tous ses collègues. Puis, alors que Les Sages Poètes et Ärsenik regardent en coulisse le concert des Américains De La Soul, Solaar ­confirme au Monde les rumeurs sur son retour : « Il y a un an, reconnaît-il, j’ai repris contact avec l’équipe de mon album Cinquième as [Eric K-Roz et Alain J] pour travailler sur de nouveaux morceaux. Là, je suis en train de les mixer dans le studio de Tefa [producteur de Diam’s, Ärsenik, Fianso, Kery James…]. C’est pas loin de chez moi et on y croise toujours beaucoup de monde. Je devrais sortir l’album en fin d’année. » Il paraîtra chez Play Two, un label créé en 2016 et dont TF1 est actionnaire. Et puis Solaar se dérobe à nouveau, refuse de dévoiler le titre de la chanson qui devrait être publiée cet été. Mais il lâche, énigmatique : « C’est un morceau sur le temps qui passe. »