Lors des résultats du baccalauréat 2015 à Caen. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Lyon, Marseille, Lille, Grenoble, Dijon, Tours, Montpellier, Aix-en-Provence, Amiens, Caen, Rouen… Dans plusieurs villes universitaires, les lycéens à la recherche de leurs résultats du bac 2017, mercredi 5 juillet, vont trouver sur leur chemin des étudiants installés devant les grilles de leurs établissements. Ces derniers leur délivreront un « permis d’alcoolisme ».

Par cette action symbolique, le réseau des mutuelles étudiantes régionales, Emevia, entend alerter parents et futurs bacheliers sur la « décision d’Emmanuel Macron de tuer le régime étudiant de la Sécurité sociale » et ses « conséquences dramatiques en termes de santé publique d’orchestrer ainsi la disparition du principal acteur de la prévention des comportements à risque en milieu étudiant (alcool, drogue…) ».

« D’après la feuille de route de la ministre de la santé, Agnès Buzin, le gouvernement s’apprête à supprimer purement et simplement les mutuelles étudiantes et le régime de Sécurité sociale étudiant, en rattachant l’ensemble à la Caisse nationale de l’assurance maladie », dénonce Ahmed Hegazy, président de ce réseau qui gère le régime étudiant de la Sécurité sociale de 1,1 million d’étudiants. Il doit rencontrer les conseillers du ministère de la santé le 5 juillet pour évoquer ce projet de réforme.

Défaillances de gestion

Emmanuel Macron s’était engagé lors de la campagne présidentielle, à transférer le système de Sécurité sociale obligatoire étudiant au régime général de la « Sécu », et non plus aux mutuelles étudiantes. « Il est temps de mettre fin à cette exception française, inefficace et dispendieuse », tranchait alors le candidat d’En Marche ! dans un communiqué.

Depuis plusieurs années, les défaillances de gestion de ce régime spécifique qui concerne environ deux millions d’étudiants sont régulièrement dénoncées. Premier organisme de santé étudiant au banc des accusés, la Mutuelle des étudiants (LMDE) a déjà vu ses missions réformées en 2015, après avoir atteint une situation extrême avec une dette de 35 millions d’euros. Elle a transféré une partie de ses compétences à l’Assurance-maladie : la gestion du régime obligatoire de Sécurité sociale de ses quelque 835 000 affiliés est désormais du ressort de cette dernière, tandis que la LMDE a gardé la main sur l’affiliation des étudiants à ce régime, la prévention et les complémentaires santé.

« Décision politique »

Jusqu’ici, les mutuelles régionales ont, elles, conservé toutes leurs missions. « Nos mutuelles étudiantes coûtent 30 % de moins à l’Etat qu’une caisse primaire d’assurance maladie et affichent de meilleures performances, qu’il s’agisse du délai de remboursement ou de la prise d’appels téléphoniques, se défend le président du réseau Emevia, qui compte 600 salariés. Cette décision est politique : Emmanuel Macron a fait un deal avec la FAGE [Fédération des associations générales étudiantes] pour obtenir la paix sociale dans les universités. » La première organisation étudiante s’est prononcée en faveur d’un rattachement du régime étudiant au régime général, lors de la campagne présidentielle.