Edouard Philippe, premier ministre, assiste au discours d'Emmanuel Macron, président de la République, devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, lundi 3 juillet 2017. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

A Emmanuel Macron le cap, à Edouard Philippe la méthode. Au lendemain du discours du président de la République devant le Congrès, le premier ministre va prendre la parole, mardi 4 juillet à 15 heures au Palais Bourbon, pour son discours de politique générale.

L’ancien maire du Havre peaufine son texte depuis plusieurs jours. « Il bosse comme un fou sur son discours, il est très stressé », a confié l’un de ses amis au Monde, quand lui tempère : « C’est un exercice contraint, important, mais il ne faut pas non plus exagérer. Qui se souvient réellement des déclarations de politique générale des anciens premiers ministres ? »

  • Un « discours de méthode »

« Le président va fixer le cap lundi, moi j’expliquerai mardi comment on atteint ce cap », a résumé ce week-end M. Philippe en marge d’un séminaire gouvernemental à Nancy.

Selon son entourage, « ce sera un discours de la méthode, un discours politique d’exécution : ce qu’on va faire, comment on peut le faire et, ce qu’a déjà largement expliqué le président, pourquoi on va le faire. C’est, même si le terme est souvent galvaudé, un discours pédagogique ».

« Les réformes et transformations profondes auxquelles je me suis engagé seront conduites, a déclaré lundi Emmanuel Macron. Le premier ministre, Edouard Philippe, que j’ai nommé afin qu’il en soit le dépositaire à la tête du gouvernement, en présentera la mise en œuvre dans son discours de politique générale. »

  • « Des pistes » en matière budgétaire

L’économie et le social devraient avoir une bonne place dans le discours, tout comme les finances publiques, un sujet rendu encore plus délicat après l’avertissement de la Cour des comptes sur la situation budgétaire au sortir du quinquennat de François Hollande.

Pour éviter un dérapage, l’exécutif doit combler un trou de 8 milliards d’euros afin de rester à son objectif de 3 % de déficit. Le chef du gouvernement « fixera des priorités, il crée un agenda, avec un calendrier, des chiffres et une méthode. Tout n’est pas arbitré au détail près mais, en matière budgétaire, il y aura quelques pistes », le détail devant suivre d’ici à la fin de juillet lors d’un débat budgétaire, explique-t-on à Matignon. « Mais personne ne peut dire “moi, on ne me touche pas parce que je suis prioritaire” », prévient-on encore.

  • Vers une large confiance

Après son discours, Edouard Philippe pourra attendre sereinement le résultat du vote de confiance. Le premier ministre est déjà assuré du soutien des 314 députés du groupe La République en marche (hors six élus nommés au gouvernement et pas encore remplacés) et des 47 députés MoDem.

Mais d’autres groupes pourraient aussi voter pour ou s’abstenir, comme les « constructifs » LR-UDI (35 députés), qui souhaitent accompagner les réformes d’Emmanuel Macron. Une poignée d’élus de gauche, comme les PS Guillaume Garot et David Habib, ou le divers gauche Olivier Falorni, entendent également voter la confiance.

Au total, le gouvernement Philippe pourrait donc obtenir une très large majorité, autour de 380 voix, un niveau qui n’a plus été atteint depuis les gouvernements Raffarin (374 voix en 2002 et 2004) mais qui restera loin du record du gouvernement Juppé (464 voix en 1996).

  • La France insoumise, les communistes, le FN voteront contre

Dans l’opposition, La France insoumise, avec ses 17 membres emmenés par Jean-Luc Mélenchon, devrait voter unanimement contre, comme les 11 élus communistes du groupe Gauche démocrate et républicaine, qui siègent avec cinq ultramarins. Les huit députés FN voteront également contre.

Si le groupe Les Républicains votera contre pour marquer son appartenance claire à l’opposition, quelques-uns de ses 100 députés devraient s’abstenir.

Le groupe Nouvelle Gauche (ex-Parti socialiste, 31 députés) choisira, mardi matin, entre « vote contre et abstention », selon leur chef de file, Olivier Faure. Mais il y aura une liberté de vote.