Le service de santé britannique (NHS) et DeepMind collaborent pour créer une application à destination des hôpitaux. | Neil Hall / REUTERS

Les données des patients sont extrêmement sensibles. C’est pourquoi le partenariat entre l’entreprise d’intelligence artificielle DeepMind, appartenant à Google, et les hôpitaux londoniens du service de santé britannique (NHS) a déclenché tant d’inquiétudes depuis son lancement l’an dernier.

Lundi 3 juillet, l’autorité britannique de protection des données personnelles, l’Information Commissionner’s Office (ICO), a annoncé, après une enquête, que ce partenariat ne respectait par la loi. Pas question de l’annuler pour autant : l’ICO demande simplement d’effectuer des modifications permettant de se mettre en conformité avec les règles relatives aux données personnelles.

Les données de 1,6 million de patients des hôpitaux londoniens, collectées pendant plusieurs années, ont été utilisées par DeepMind pour développer une application nommée Streams. Celle-ci doit éplucher les données des patients en temps réel pour aider le personnel hospitalier à détecter le plus rapidement possible les cas d’insuffisance rénale aiguë. Cette pathologie, qui évolue extrêmement vite, peut s’avérer mortelle si elle n’est pas prise en charge assez tôt.

Des données exploitées pour une version test

L’ICO ne remet pas en question le partage des données des patients avec Google DeepMind, mais elle considère que celles-ci ne devraient pas servir à des applications test. En clair, exploiter les données des patients peut se justifier quand il s’agit de sauver des vies, mais pas pour mettre au point ni tester une application avant sa mise en service, ce que faisaient DeepMind et le NHS. « Un patient qui s’est présenté aux urgences pour un accident, durant ces cinq dernières années, ou une personne qui passe par le service de radiologie ne peut pas raisonnablement s’attendre à ce que ses données soient accessible à un tiers pour tester une nouvelle application mobile, quel que soit l’intérêt de cette application », écrit l’ICO.

Celui-ci accepte toutefois que les données soient utilisées pour la version fonctionnelle de l’application. « L’immense potentiel des données pour les soins aux patiens (...) ne fait aucun doute », assure Elizabeth Denham, à la tête de l’institution, dans un communiqué. « Mais le prix de l’innovation ne doit pas être l’érosions des droits fondamentaux à la vie privée ».

De son côté, le NHS a salué l’avis relativement modéré rendu par l’autorité. « Nous sommes heureux que l’ICO (...) nous permette de continuer à utiliser l’application », a souligné le NHS dans un communiqué. « Nous acceptons ses conclusions et avons déjà fait de bons progrès dans les domaines qui l’inquiétaient », écrit le NHS, évoquant davantage de transparence et la création d’un organisme indépendant de contrôle.