LES CHOIX DE LA MATINALE

Au menu cette semaine : la saison 1 de La Servante écarlate ; la série sur le catch féminin GLOW et Le prix de la liberté, une série néerlandaise bientôt visible sur la TNT.

Un conte horrifiant

The Handmaid’s Tale Trailer (Official) • The Handmaid's Tale on Hulu

Lorsqu’elle commence à écrire son roman, au printemps 1984, installée dans le confetti que représente Berlin-Ouest au sein de la République « démocratique » allemande, Margaret Atwood se fixe une règle : elle n’y introduira rien que les humains n’aient déjà fait, où et quand que ce soit. « Je ne voulais pas être accusée de noirceur, d’inventions tordues ou d’une représentation tendancieuse du lamentable comportement dont est capable l’humain », a-t-elle expliqué au Guardian en 2012.

Son roman The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate, sorti en 1985 et tout juste réédité chez Robert Laffont), que Bruce Miller vient d’adapter en série en concertation avec elle, se situe principalement dans un futur qui tutoie aujourd’hui, dans une forme de dictature dans laquelle ont sombré les Etats-Unis, après un désastre écologique qui a rendu la plus grande partie de la population stérile.

Et pour être réaliste jusqu’au bout, ce sont bien sûr les femmes qui vont le plus en souffrir : celles qui peuvent encore procréer vont être soumises à un esclavage utérin ritualisé par l’Etat… Toutes horreurs qui ont leur précédent dans la réalité, insiste Margaret Atwood, sans même aller chercher très loin dans des cultures quasi inconnues ou des religions ésotériques…

Or, tour de force auquel parviennent tous ceux qui ont concouru à cette série (metteur en scène, interprètes, chef-opérateur, décorateur, etc.), La Servante écarlate relève d’une telle mesure et d’une telle stylisation qu’elle en devient intense, vibrante, humaine, lumineuse tout en évoquant tant de drames des temps actuels… Un choc esthétique autant qu’intellectuel, des images inoubliables et sans complaisance. Martine Delahaye

La Servante écarlate, saison 1, série créée par Bruce Miller. Avec Elisabeth Moss, Yvonne Strahovski, Alexis Bledel, Samira Wiley (EU, 2017, 10 × 52 min). Deux épisodes chaque mardi matin sur OCS Max depuis le 27 juin.

Du show sur le ring

GLOW | Official Trailer [HD] | Netflix

Inspirée de l’histoire (réelle) de la ligue américaine de catch féminin, GLOW, autrement dit « Gorgeous Ladies of Wrestling », retrace la création d’une émission de télévision où, pour la première fois, les marionnettes-athlètes sur le ring seraient des femmes. Mais comment constituer, entraîner et professionnaliser une équipe ex nihilo ? Et quel personnage stéréotypé leur inventer pour construire un show non seulement esthétique (dans les années 1980 à Los Angeles, avec justaucorps pailletés, et couleurs criardes à l’envi) mais aussi propre à emballer le public ?

Pour cette création, le réalisateur du futur show télévisé va être amené à auditionner de nombreuses femmes, dont Ruth (Alison Brie), actrice en mal de travail, pas encore désespérée au point d’aller jusqu’au porno, mais prête à tout pour un rôle, quel qu’il soit. Entourée de douze marginales d’Hollywood, Ruth cherchera un moment le personnage qu’elle peut incarner face à Debbie Eagan, ancienne actrice de soap, chargée de représenter Miss Amérique sur le ring. On vous laisse deviner quel est, à cette époque, le grand Méchant pour les Etats-Unis.

Légère mais pas insensée, mettant en scène des femmes sur un territoire traditionnellement masculin, GLOW, ni une pure comédie ni exclusivement drame, fait partie des séries-plaisir qui vous laissent plus que le sourire aux lèvres. M. De.

GLOW, série créée par Liz Flahive et Carly Mensch. Avec Alison Brie, Betty Gilpin, Marc Maron (EU, 2017, 10 x 30 min). Sur Netflix.

Sarah et Nathan, au temps de l’esclavage

Nous n’avons pas vu cette série, mais elle présente un double avantage : c’est une création néerlandaise, ce qui est rare sur nos écrans, et elle peut être suivie sur la TNT puisqu’elle sera diffusée en une seule soirée, samedi 8 juillet, sur France Ô. En voici le résumé tel que présenté sur divers sites.

Le Prix de la liberté, sur France Ô. | DR

Adaptée du roman de Cynthia McLeod, Le Prix de la liberté se déroule au Suriname, en Amérique du Sud, à la fin du XVIIIe siècle. Deux demi-sœurs sont élevées ensemble sur la plantation de canne à sucre de leur père : Sarah, la fille légitime blanche et plus belle femme de la colonie, songe à faire un bon mariage, tandis que Mini-Mini, l’enfant d’esclave métisse, vit dans l’ombre de sa demi-sœur et lui sert même d’esclave. « Entre rivalité, aventure et amour, les destins des deux jeunes femmes sont à jamais liés »…

DR

Mais cette série néerlandaise retracerait par ailleurs avec justesse la situation des colons hollandais, propriétaires de plantations, sans caricaturer la situation des esclaves à cette époque. M. De.

Le Prix de la liberté, série créée par Jean Van de Velde. Avec GaIte Jansen, Yootha Wong-Loi-Sing, Neil Sendilands (Pays-Bas, 2013, 4 x 46 min).