Terminées les interminables parties de Honor of Kings (Strike of Kings en Europe) pour les adolescents chinois : depuis mardi 4 juillet, l’éditeur du jeu mobile le plus populaire du monde, Tencent Holdings, empêche les plus jeunes de ses adeptes d’y jouer toute la journée.

Comme cela avait été annoncé l’avant-veille par Li Min, producteur du titre, les joueurs de moins de 12 ans ne peuvent désormais plus jouer qu’une heure par jour, et seulement avant 21 heures. Les joueurs âgés de 12 à 18 ans, eux, ont droit à deux heures de jeu quotidiennes.

Les médias chinois rapportent néanmoins l’efficacité limitée de cette mesure : des mineurs pourraient toujours outrepasser cette limite en hackant le jeu ou en achetant, parfois pour plusieurs milliers de yuans, des comptes « débloqués », créés par des adultes.

Tencent Holdings a déjà annoncé vouloir renforcer les contrôles à l’avenir, en proposant aux parents des outils pour surveiller la pratique de leur enfant, ou encore en forçant les joueurs à s’inscrire sous leur réelle identité.

Que ces restrictions soient ou non efficaces, leur annonce a, en tout cas, entraîné une chute de 4,1 % de l’action de Tencent à la Bourse chinoise.

Un « poison » pour le gouvernement chinois

Disponible en version beta depuis novembre 2015, Honor of Kings est une déclinaison mobile du principe de League of Legends, jeu immensément populaire sur PC et dont le développeur, Riot Games, a été racheté par Tencent Holdings en 2011.

Avec plus de 100 millions de comptes actifs, principalement en Chine, Honor of Kings rapporterait à Tencent Holdings près de la moitié de ses revenus. Grâce à lui, l’éditeur chinois est devenu en 2016 le plus gros éditeur mondial de jeux vidéo. En mai, Honor of Kings était le jeu mobile le plus rentable du monde, autant sur plate-forme iOS que sur Android : une première pour un jeu chinois.

La toute puissance de Tencent Holdings en matière de jeux vidéo et de communication (la société est également responsable de la très populaire application de messagerie WeChat) vaut régulièrement à l’éditeur les foudres du gouvernement chinois.

Mardi, dans un éditorial du Quotidien du peuple, le journal officiel du parti communiste chinois, Tencent Holdings se voyait ainsi reprocher de rechercher le profit au détriment de la bonne santé des enfants, tandis que son jeu était comparé à un « poison » addictif, qui menaçait de saper les valeurs sociales chinoises : « Les jeux vidéo répandent une énergie négative et provoquent même des morts. »

Si le jeu de Tencent Holdings n’est pas encore sorti en France, il est déjà disponible sous le nom de Strike of Kings dans certains pays d’Europe. Des personnages occidentaux tels que Batman y remplacent les héros de la mythologie chinoise.