Trois ans de prison, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation des biens saisis, dont un immeuble évalué à plus de 100 millions d’euros, ont été requis mercredi 5 juillet contre le vice-président de Guinée équatoriale Teodorin Obiang, au procès de l’affaire des « biens mal acquis ».

Fils du président Teodoro Obiang, l’ancien ministre de l’agriculture et des forêts promu vice-président par son père, Teodorin Obiang, est poursuivi depuis le 19 juin devant le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d’abus de confiance et de corruption. Il ne s’est pas présenté devant les juges.

Important patrimoine mobilier

L’instruction a établi que Teodorin Obiang, 48 ans, avait acquis en France, entre le début de 2000 et 2011, directement ou par le biais de prête-noms ou de sociétés écrans, un important patrimoine mobilier et immobilier.

Pièce maîtresse, un immeuble luxueux de 2 835 m² avenue Foch, à Paris, acquis pour 25 millions d’euros et dans lequel l’accusé a fait pour 12 millions d’euros de travaux. La présidente a aussi cité 18 voitures de luxe, achetées au total 7,5 millions d’euros, des œuvres d’art, bijoux et vêtements de marque.

Teodorin Obiang est soupçonné d’avoir financé ces dépenses grâce au produit de la corruption, de détournements de fonds publics et d’autres délits commis en Guinée équatoriale.

Corruption

Il avait notamment recours à des virements d’un compte ouvert à la Société générale de banque de Guinée équatoriale par la société d’exploitation forestière Somagui Forestal, qu’il contrôlait en tant que ministre de l’agriculture et des forêts. Il contraignait alors les compagnies forestières opérant dans son pays à lui payer, directement ou par l’intermédiaire de la Somagui, une sorte de dîme en échange de l’autorisation d’exporter du bois, a précisé la présidente.

Teodorin Obiang conteste, pour sa part, tout caractère illégal des sommes consacrées à ses dépenses en France et ses avocats dénoncent un « procès politique » visant à déstabiliser le régime de Malabo.

Au-delà du cas équato-guinéen, l’enquête sur les « biens mal acquis » vise notamment les familles d’Ali Bongo (Gabon) et de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), qui possèdent respectivement à Paris 39 et 24 propriétés immobilières de luxe, et environ 200 comptes bancaires au total, selon la police.