La multiplication d’arrêtés « anti-burkini » dans une trentaine de communes avait nourri une vive polémique politique durant l’été 2016. Le maire de Sisco, en Haute-Corse, a fait savoir, jeudi 6 juillet, que l’arrêté que son village avait pris, quelques jours après une violente altercation sur une plage de cette localité du cap Corse, ne serait pas reconduit.

« Le conseil municipal a décidé à l’unanimité jeudi soir de ne pas reconduire l’arrêté dans un esprit d’apaisement et de réconciliation. Mais nous avons décidé de rester vigilants et réactifs. Nous avons peur d’une provocation, quelle qu’elle soit, les réactions seraient vives », a justifié Ange-Pierre Vivoni. Et de préciser :

« Nous avons préparé un arrêté, s’il se passe quelque chose, il sera pris immédiatement, je n’aurai qu’à le signer sans avoir besoin de réunir le conseil municipal. Nous ne voulons pas revivre ce qui s’est passé l’été dernier. »

L’arrêté pris l’an dernier, dont la validité courait du 16 au 30 août 2016, avait été entériné une première fois par le tribunal administratif de Bastia en janvier. Contesté en appel par la Ligue des droits de l’homme, il avait de nouveau été validé lundi par la cour administrative d’appel de Marseille.

Il avait été adopté trois jours à peine après une violente altercation sur une plage du village, qui avait éclaté entre les membres d’une famille d’origine marocaine et des villageois.

Tensions ravivées en Corse

Quelques mois après l’agression de pompiers dans un quartier populaire d’Ajaccio, le soir de Noël 2015, qui avait été suivie d’une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d’une salle de prière musulmane, la rixe avait ravivé les tensions en Corse.

Burkini, insultes racistes, femme seins nus malmenée sur la plage... le flou initial à propos des circonstances des échauffourées avait contribué à l’émoi suscité par l’altercation.

A la fin de juin, deux mois de prison avec sursis ont été requis devant le tribunal correctionnel de Bastia contre Houcine Benhaddou, le quatrième frère de la famille marocaine impliquée dans la rixe.

Lors du premier procès, en septembre 2016, Mustapha Benhaddou, 33 ans, déjà condamné à plusieurs reprises et présenté à l’audience comme l’instigateur principal de la rixe, avait été condamné à deux ans de prison ferme. Il a fait appel de sa condamnation. Deux de ses frères, Abdelillah, 38 ans, et Jamal, 29 ans, ont été condamnés à six mois d’emprisonnement avec sursis.

Deux villageois, le boulanger Lucien Straboni, 50 ans, déjà condamné dans une affaire d’extorsion, et un employé municipal de 22 ans, Pierre Baldi, ont été condamnés à un an et huit mois avec sursis.