Entre les tarifs parisiens des Ehpad et ceux pratiqués dans les départments ruraux, c’est généralement le grand écart. | foooomio (Flickr, Licence Creative Commons)

Il en va des tarifs des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) comme du logement classique : mieux vaut être dans un département rural qu’en Ile-de-France, où la note sera bien plus élevée qu’ailleurs. C’est ce que confirme, sans surprise, l’analyse des tarifs 2016 de ces structures, publiée à la fin de juin par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).

Du simple au double

En effet, si le tarif médian (la moitié des résidants paient moins que ce montant, l’autre moitié plus) est de 1 949 euros par mois, pour un hébergement permanent en chambre seule, il s’établit à 3 154 euros à Paris et dans les Hauts-de-Seine, 2 963 euros dans les Yvelines, ou encore 2 673 euros dans le Val-d’Oise. C’est beaucoup moins dans la Meuse, 1 616 euros par mois, dans les Vosges, 1 642 euros, ou en Vendée, 1 658 euros.

« On observe une corrélation entre le tarif mensuel par département et le prix moyen au mètre carré d’un appartement situé dans ce même département », note la CNSA.

Les départements très urbanisés présentent généralement des tarifs médians supérieurs à ceux des départements ruraux. | CNSA

Sachez que les Ehpad ont désormais l’obligation de transmettre leurs tarifs chaque année à la CNSA, avant le 31 décembre, afin que celle-ci puisse les afficher dans l’annuaire des Ehpad publié sur le portail gouvernemental pour les personnes âgées. C’est sur ces chiffres que se base l’étude, portant sur 6 908 Ehpad, soit 93 % des structures existantes.

Attention, ces prix n’incluent pas les aides dont peuvent bénéficier certains résidants, notamment l’ASH (aide sociale à l’hébergement), les aides au logement, l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), et la réduction d’impôt (pour les personnes imposables).

Outre les disparités géographiques, l’analyse des tarifs met en exergue d’importantes disparités entre les trois statuts juridiques d’Ehpad – ils sont soit commerciaux, soit privés à but non lucratif, soit publics. Le tarif médian s’élève à 2 620 euros par mois pour les premiers, 1 964 euros pour les seconds, 1 690 euros pour les troisièmes.

Rappelons que le prix d’un Ehpad comporte trois postes : le tarif hébergement, le tarif dépendance et le forfait soins. Les prix médians fournis ici correspondent à la somme des tarifs hébergement et dépendance, le forfait soins étant directement pris en charge par l’Assurance-maladie.

Notez que le tarif hébergement est la principale composante du reste à charge du résidant et que le tarif dépendance pris en compte ici est le tarif minimal, dit « GIR 5-6 » (le plus commun car appliqué non seulement à ceux qui sont peu ou pas dépendants mais aussi à ceux dont les ressources mensuelles ne dépassent pas 2 440,24 euros).

Davantage de places en zones rurales

L’étude de la CNSA, qui reprend des données de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), dresse également un portrait-robot des Ehpad français et de leurs résidants. Elle souligne que l’offre de places en Ehpad est inégalement répartie sur le territoire, le taux d’équipement étant souvent plus élevé dans les départements ruraux. Pour une moyenne nationale de 98 places pour 1 000 personnes de 75 ans et plus, le taux d’équipement est de 171 sur 1 000 en Lozère, 162 en Ardèche, contre seulement 39 à Paris et à La Réunion.

Les structures publiques représentent 44 % des Ehpad, les commerciales 25 %, les privées non lucratives (associations, congrégations religieuses, réseaux mutualistes) 31 %. On trouve davantage d’établissements publics (64 %) dans l’espace à dominante rurale que dans l’espace à dominante urbaine (37 %).

Les Ehpad publics constituent 54 % des structures créées avant 1991, et 30 % de celles ouvertes depuis. Les établissements commerciaux représentent, eux, 16 % des Ehpad créés avant 1991, contre 38 % de ceux créés depuis. | CNSA

Environ 600 000 personnes vivent en Ehpad, avec une moyenne d’âge de 84 ans et cinq mois. Cinq résidants sur six bénéficient de l’APA, non soumise à condition de revenus, et plus d’un sur six de l’ASH. Plus d’un sur cinq est touché par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée.