Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, le 7 janvier 2016 à Las Vegas. | ROBYN BECK / AFP

Le parquet de Paris a annoncé, vendredi 7 juillet, qu’il ouvrait une information judiciaire dans l’affaire dite de la « French Tech night », une soirée tenue à Las Vegas en janvier 2016, en présence d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie. Ce nouvel élément fragilise encore un peu plus la ministre du travail Muriel Pénicaud, désormais exposée à une mise en examen.

La justice soupçonne des dysfonctionnements dans l’organisation de la soirée, confiée à Havas sans appel d’offres par l’organisme Business France (BF), dont la directrice générale était à l’époque Muriel Pénicaud. Cette dernière est notamment soupçonnée d’avoir pu être alertée en amont des difficultés comptables liées à l’organisation de l’événement.

Interrogée le 28 juin sur RTL, Muriel Pénicaud avait déclaré avoir diligenté un audit indépendant, en mars 2016, sitôt « alertée » d’« une erreur de procédure ». Cette soirée à 381 000 euros – un coût ramené in fine à 290 000 euros, hors frais d’hôtels – aurait dû déclencher un appel d’offres, excédant le seuil légal de 90 000 euros.

« Synthèse tronquée »

Mais plusieurs éléments révélés par la presse mettent à mal la version de la ministre. Dernier en date, le quotidien Libération a affirmé, lundi 3 juillet, que Muriel Pénicaud n’a informé son conseil d’administration d’éventuels dysfonctionnements qu’en décembre 2016. Soit presque un an après la réunion de Las Vegas.

« Mais surtout, elle y présente une synthèse tronquée, qui minore les dysfonctionnements pointés par un audit alarmant du cabinet EY (ex-Ernst & Young), qu’elle avait elle-même commandé en mars 2016 », écrit le quotidien, qui affirme que plutôt que de communiquer la totalité du rapport d’une soixantaine de pages, l’ancienne dirigeante n’a évoqué le dossier qu’en quelques lignes, dans un document général rédigé par ses services.

Muriel Pénicaud à l’Assemblée nationale, le 7 juillet. | MARTIN BUREAU / AFP

Un courriel révélé dimanche 2 juillet par le JDD était par ailleurs explicite : « Muriel, briefée par nos soins, ne fait rien. Donc elle gérera aussi quand la CDC [Cour des comptes] demandera des comptes (…), ce ne sera pas faute d’avoir dit et redit. » Daté du 11 décembre 2015, il est signé de la directrice de la communication de Business France, Fabienne Bothy-Chesneau.

Règle fixée par Edouard Philippe

Des éléments qui montrent que la ministre du travail avait au moins été alertée, en amont, des difficultés financières soulevées par cette soirée.

Au fur et à mesure des révélations sur cette affaire, le gouvernement a répété la règle fixée par le premier ministre : en cas de mise en examen, la ministre devrait démissionner. Dans son discours à Versailles devant le Congrès en début de semaine, le président de la République Emmanuel Macron avait appelé les médias à la retenue, « à en finir avec cette recherche incessante du scandale, le viol permanent de la présomption d’innocence ».