Le projet architectural retenu pour la construction d’une nouvelle maison  « Fondation de Chine » au sein de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP). Il a été rendu public, vendredi 7 juillet. La CIUP n’avait pas accueilli de nouvelle maison depuis 1969. | © FABLAB / CAAU et FCJZ

L’ensemble des dirigeants des établissements d’enseignement supérieur de France alertent, de concert, sur la perte de vitesse de leurs écoles et de leurs universités auprès des étudiants étrangers : « Si 235 000 étudiants internationaux étaient présents en 2015 en France, dont 73 % dans les universités et 27 % dans les écoles, notre attractivité s’affaiblit. Après plusieurs années comme troisième pays de destination, derrière les Etats-Unis (842 000 étudiants) et le Royaume-Uni (428 000), la France vient de passer à la quatrième place derrière l’Australie (266 000) », peut-on lire dans la note commune « sur les mesures nécessaires pour accroître l’attractivité des établissements français d’enseignement supérieur », rendue publique lundi 3 juillet, par la Conférence des présidents d’université (CPU), de la Conférence des dirigeants d’écoles d’ingénieurs (Cdefi), de la Conférence des grandes écoles (CGE) et du Forum Campus France.

Le constat n’est pas meilleur si l’on se penche sur les chiffres de la mobilité européenne dans le cadre du programme Erasmus +, qui, rappelle la note, « suivent la même tendance » : « Alors que la France était précédemment le deuxième pays d’accueil des boursiers, derrière l’Espagne, elle est désormais passée à la quatrième place, en accueillant 29 558 étudiants Erasmus en mobilité ». Les échanges se multiplient, mais la France a en effet progressé moins vite depuis cinq ans que l’Allemagne ou le Royaume-Uni.

« Régression constante des moyens »

Les dirigeants du supérieur déplorent une « une évolution préoccupante, et en grande partie liée à la régression constante des moyens attribués tant au financement de la mobilité des étudiants étrangers qu’à leur accueil au sein des établissements français. Notre décrochage face à nos concurrents historiques est évident et, faute de mesures adéquates, l’apparition de nouveaux acteurs ne pourra que confirmer cette tendance ».

L’attractivité étant, pour la France, « gage du maintien de son influence, de l’affirmation de ses valeurs, de la diffusion de sa langue et de son développement économique différé ou immédiat », ils appellent donc à des réponses d’urgence. La première citée concerne l’enveloppe des bourses offertes par le gouvernement français aux étudiants internationaux, qui doit retrouver sont montant de… 2004, alors qu’elle a été divisée par près de deux depuis, tombant de 133 millions d’euros à 71 millions d’euros en 2016.

Suggérant que soit lancée « une campagne mondiale de communication » pour promouvoir l’enseignement supérieur hexagonal, ils demandent aussi des moyens pour améliorer les conditions d’accueil et d’accompagnement des étudiants étrangers et des simplifications de leurs procédures de candidature ou de leurs formalités de séjour.

Mobilité des étudiants français

Une hirondelle est cependant passée devant ce ciel gris, vendredi 7 juillet : la Cité internationale universitaire de Paris a présenté le projet retenu pour la construction d’une maison par la Chine, qui comprendra 300 chambres et des espaces de vie collective. Depuis 1969, c’est la première fois que la célèbre Cité universitaire va accueillir une nouvelle maison. D’autres sont prévues : d’ici à 2020, 1 800 nouveaux logements doivent être construits, et de nouveaux pays accueillis.

Par ailleurs, les dirigeants du supérieur constatent aussi dans leur note que « la mobilité sortante des étudiants français évolue de manière positive ». En 2017, les étudiants français sont ainsi devenus les premiers à partir dans le cadre des échanges Erasmus + (avec 39 985 étudiants, soit +55 % en cinq ans et 14 % du total des étudiants Erasmus en mobilité).

Pour la mobilité diplômante, la France se classe au 6rang mondial, « notamment derrière les géants asiatiques, mais aussi une Allemagne finançant fortement ses étudiants », notent-ils. En effet, 78 675 étudiants français étudient à l’étranger pour y décrocher un diplôme (+37 % en cinq ans). Mais ces chiffres, soulignent les dirigeants du supérieur, « masquent également la profonde inégalité entre étudiants des universités et des écoles » : seulement 26 % des premiers vivent une « expérience internationale », contre 81 % des seconds. Une politique de bourses est aussi demandée dans ce domaine.