Des délégués des Nations unies applaudissent après l’adoption d’un traité interdisant totalement les armes nucléaires, le 7 juillet 2017, au siège de l’organisation, à New York (Etats-Unis). | Mary Altaffer / AP

Un traité interdisant les armes nucléaires a été adopté vendredi 7 juillet aux Nations unies, mais les puissances nucléaires ont refusé de participer au processus. Ce texte reste donc largement symbolique, au moment où la Corée du Nord accélère son programme d’armement.

Le traité a été adopté par 122 votes pour, une voix contre – celle des Pays-Bas, membre de l’Otan – et une abstention. Ses partisans y voient une réalisation historique, mais les Etats nucléaires le jugent irréaliste, estimant qu’il n’aura aucun impact sur la réduction du stock mondial actuel, de quelque 15 000 têtes nucléaires.

141 Etats impliqués

Des applaudissements ont retenti dans la salle de conférence de l’ONU après le vote, qui met un terme à trois semaines de négociations par 141 Etats, portées par l’Autriche, le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande.

Le traité, qui préconise une interdiction totale du développement, du stockage et de la menace d’utilisation d’armes nucléaires, ne s’appliquera qu’aux signataires. Il sera ouvert à ratification à partir du 20 septembre et entrera en vigueur après sa signature par 50 pays.

Ses partisans espèrent qu’il accentuera la pression sur les Etats nucléaires afin qu’ils prennent le désarmement plus au sérieux. « Nous avons réussi à semer les premières graines d’un monde sans armes nucléaires », s’est félicitée l’ambassadrice du Costa Rica, Elayne Whyte Gomez, qui a présidé la conférence de l’ONU sur le traité.

Aucun des neuf pays détenteurs de l’arme nucléaire (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, Chine, France, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël) n’a pris part aux négociations. Même le Japon, seul pays à avoir connu une attaque atomique en 1945, les a boycottées, ainsi que la plupart des pays de l’Otan.

Arme de dissuasion

Les puissances nucléaires font valoir que leur arsenal sert de dissuasion contre une éventuelle attaque nucléaire et rappellent qu’elles restent engagées par le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), de 1968. Celui-ci rend notamment les Etats responsables de la réduction de leurs stocks.

La Corée du Nord a, de son côté, accéléré son programme d’armement nucléaire et balistique en dépit du TNP et a testé mardi pour la première fois un missile intercontinental. Les Etats-Unis, soutenus par plusieurs alliés, ont appelé à renforcer les sanctions contre Pyongyang, et ont laissé entendre que l’option militaire restait sur la table. Mais les pays non nucléaires dénoncent la lenteur du désarmement et craignent que ces armes de destruction massive ne finissent par tomber dans de mauvaises mains.

Les militants du désarmement estiment que le traité de vendredi aura un impact sur l’opinion. Il « empêche les Etats nucléaires de se réfugier derrière l’idée qu’ils ne sont pas hors la loi », estime Richard Moyes, directeur de l’organisation britannique Article 36. « Il s’agit vraiment d’effacer l’aspect prestigieux des armes nucléaires », soutient Beatrice Fihn, directrice d’un mouvement réclamant l’abolition des armes nucléaires (Abolish Nuclear Weapons).